Contemporains |
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Favoris (Les) |
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Chroniques Pensives et Oculaires. |
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eudi 8 avril
1993, le soir : cet homme qui vacille, immobile, devant la porte tenue fermée
de l'intérieur du café Noëlle et Robert. Il a jeté son portefeuille par terre.
Il crie. Dès lors qu'il donne un coup de tête contre la vitre de la porte, le patron du Baladin et la Mère Pons interviennent. On prend l'homme par l'épaule, on lui parle avec bonhomie, on l'éloigne de chez Noëlle. [...] La rue est emplie d'uniformes : il y a au moins dix flics et fliquesses, dont une Magali qui a l'air pas mal. Police Nationale et municipale. Quelques P.-V. sont octroyés mais surtout, d'une voiture de police est extrait notre homme de tout à l'heure, menotté, ceinturé ; il est difficilement tiré de la voiture et transvasé dans le fourgon qui vient d'arriver. F. me dit qu'ils vont le conduire à l'hôpital psychiatrique. Les rares passants semblent impressionnés par la densité d'uniformes s'agitant dans la rue. Mauvaise soirée pour les bistrots.
Vendredi 9 avril Rue Longue, sur le trottoir : un canapé gris en assez bon état (il y a des miettes et un mégot sur les coussins) avec, dessus, comme en exergue, une grande plume bleu métallisé. Au beau milieu de la soirée, G. se jette sur la table toute encombrée de bouteilles et de verres ; il dit que c'est une compulsion. Samedi 10 avril Infos : manif et casse dans la rue de Champendal. Jambon sale tête : poubelle. Dimanche, Pâques. Pluie. Lundi 12 Allô à Monsieur L., ça va moyen. Est hospitalisé jusque jeudi. Aurait une poche de sérosité sous le diaphragme. Il dort mal et souffre après chaque repas. F. était partie tôt et était passée chez Decître. Elle ne put être prise par sa dentiste finalement à cause d'un gars, avant elle, qui a eu une hémorragie de la mâchoire (?). Mercredi 14 avril Monsieur L. est très gêné par cette douleur à droite dans les côtes, et par cette toux, et sa voix. Jeudi 15 Quand les médecins partirent, elle déclara qu'ils mentaient, etc. Le matin rencontré
Charlotte sur la passerelle du collège. Elle a fait une dépression, surmenage : 14
heures de travail par jour. Ils l'ont licenciée. Éric ne peut manger que
des bouillons de légumes. Vendredi 16. Passâmes voir la fille C. Elle était avec une copine ; je lui donnais cependant son petit bonbon habituel, mais en douce, et à la dernière minute. Avant la Part-Dieu, en haut, des jeunes (5 ou 6) faisaient la manche d'une manière un peu agressive (comme on ne donna rien, car je n'aime pas avoir le sentiment qu'on me force la main, ils s'interpellaient l'un l'autre : ils s'en foutent, ils ont de l'argent, un appartement mais nous on ira les cambrioler, on ira cambrioler vos appartements !). Chez Maxi-Livres pour 50 francs un tome des lectures érotiques, les gros volumes Pauvert. Rue où il y a Bonnard,
une jeune femme, bien faite, mais bizarre, avec deux plastiques : elle relève sa (courte)
jupe, enfile des bas (des Dim-Up) puis de vilains bottillons fantaisie. Je me suis
arrêté et je regarde sans me gêner. Elle crie (à la cantonade) : Accident devant la poste St-Jean. Femme aux cheveux courts assise sur le trottoir. Se tient la tête à deux mains [j'avais écrit à demain] et un pompier lui dit « Allez Madame, levez-vous, on va vous emmener » ; elle a plus l'air choqué (traumatisée par ce qu'elle aurait vu?) que blessée. |
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publié une première
fois dans le MHM papier, n°0, avril 1994, page 5 |