41. Elles sont là, de bric et de broc, craintives et tendues par l’espoir, dans le couloir dont grince le parquet, dont grince le parquet. Et nous, les gentlemen calamiteux, passons et repassons sans vraiment oser les regarder. On est venus pour ça — on ne peut reculer… Gandins rapiécé, rapetassés. Nous avons quelques pièces mais nous savons que la véritable transaction se passera ailleurs, sans nous — sans elles. Et que notre vie s’en trouvera irrémédiablement transformée. (Choisir celle à la langue rapportée.)


42. Elle meurt, cela ne finit pas. Avec sérieux et dévotion. Au début, cela ressemble à un numéro d’illusionniste : on la place dans une malle d’où dépassent sa tête et ses pieds. Ce qui nous intrigue c’est la grande cuvette qu’on a placée dessous. L’homme aux moustaches excessives plante lentement des fleurets dans la malle. La jeune femme grimace à peine. Elle blêmit. Le sang commence à s’écouler. Elle semble évanouie. Il continue en souriant. Il s’arrête après avoir enfoncé la dixième lame. Il salue, la foule s’enthousiasme et le sang continue de couler. À présent nous trouvons cette jeune femme extrêmement séduisante. L’homme retire les fleurets, les essuie avec un grand mouchoir blanc. La jeune femme ne bouge presque pas ; elle a de petits tressaillements, de délicates crispations. Il ouvre enfin la malle : on voit le corps, les vêtements troué, des plaies rouges sombre où palpite le sang. Il l’aide à se redresser. Assise, elle salue. Nous attendons de la contempler dans un autre numéro.