1.

   Marcher en soi, surjeter les petites blessures (pointu, pointu), avaler sa faim, marcher en soi, la tête au plafond.

   Je pousse un corps siamois, si frais, main sur sa nuque, et désigne les endroits qu’il a connus.

   Les réverbères font sous eux. Derrière, au plus sourd, au plus secret, des pas, une balade de dernière heure ; c’est le loisir du rat. Qui perd la distance et souffle ? Qui trafique ce pays-là ? On n’a pas vu la clôture, le ciment fissuré, ni le lierre ni le tain tavelé.

   L’index bagué, jamais limé, ne creuse plus l’épaule et traverse la joue ; ça sent le dentiste, les lilas pourris, la peau trop sucée.

   Alors, je renverse la table, toute, les assiettes, les chiens. Il y a le bruit de l’horloge, des figures de linge derrière la fenêtre serrée ; quelqu'un besogne à l’intérieur des murs.

   Le doigt pèse sur le fil du couteau. Je mange seul. Au loin, des souliers vernis déchirent l’échine des loups.

   Je m’incline, lèche la bouillie sur mes cuisses, les chiures lactées, grumeleuses. Plus bas, mon sexe est un totem plié. La dent malade crie, trois fois. Je roule dans mon ventre.

   Soudain, les lilas décoiffent la lucarne, l’orage petit crépite, pelote d’épingles sur les haies rose spongieux.

   Le vieux s’est assoupi ; il dort sans discrétion. Cette fois, derrière les carreaux, l’entassement des visages criards ; la bouche, la bouche surtout.

 

 
 
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