Les prétentieux du jour, certes, ne manquent pas.
Cest pourquoi je préconise que plusieurs palmes par jour soient
décernables.
Jai la prétention daffirmer que, si
éventuellement jappartiens au ramassis de bourgeois défraîchis (pour le côté
défraîchi ça nest pas ma faute : il y a lâge, et les excès), je supporte
avec une extraordinaire désinvolture les gosses que je nai pas et mon voisinage,
que je nentends guère (peut-être le Bissell de la dame du dessous qui parfois tape
dans les plinthes?).
Ce que ML appelle brouet a, rappelons-le, dans certains cas
été source de scandales, de débats passionnés, de rixes, de pugilats (certaines
oeuvres de Beethoven, Stravinsky, évidemment, Brukner...). On avait à cette époque une
idée bien arrêtée pour ce qui concerne le « beau ». Par ailleurs, certains
« classiques » ont connu un « style de vie » misérable qui les
exempt illico de tout soupçon (Satie, Bartok, par exemple Mozart sur la fin
aussi). Beethoven a des excuses aussi : chacun sait quil était sourd comme un pot.
Enfin, les compositions nétaient pas toujours des commandes.
Javoue écouter de la musique non pour « me
reposer et me faire voyager », mais parce que jaime la musique, et pas
seulement la musique dite classique, outre que ce terme serait à bien examiner et
calibrer car il me semble, pour certaines oeuvres, y déceler bien davantage de « modernité »
(prenons Beethoven par exemple, gros machin culturel (les symphonies, que je
napprécie pas) et réécoutons ses quatuors à corde ou même ses sonates,
écoutons vraiment, non pour se délasser et voguer doucereusement dans un mol nirvana,
mais pour la musique davantage de « modernité » disais-je, et de
hardiesse que chez bien des auteurs contemporains (rock, variété, « musique
contemporaine »).
La musique, à cette époque, nétait pas, non plus,
soumise aux système de protection actuel : un « grand » compositeur pouvait
reprendre un thème populaire, ou le thème dun confrère, sans souffrir de la
SACEM. Tout ce qui sappelait variations sur un thème, pastiches, citations a, pour
des raisons de droit, soit disparu, soit est devenu bien compliqué (administrativement
parlant) à réaliser.
En revanche, jai souvenir des « emprunts »
pas toujours reconnus, de certains auteurs (notamment les groupes « progressifs des
années 70 : Manfred Mann, ELP, mais aussi Gainsbourg) au répertoire « classique »(PIL
a joué « le lac des cygnes » aussi, je crois), démontrant sinon la
pertinence mais au moins la résistance de certains thèmes.
Rappelons aussi que la musique nétait pas cet
excipient doucereux qui aujourdhui emplit supérettes, aéroports, ascenseurs et
bus. La musique était un événement. On lécoutait. Aujourdhui : on
entend.
Ce que ML appelle les faveurs du Prince (que je préfère
assez à Michael Jackson, entre nous soit dit) consistait simplement, pour certains
auteurs, à pouvoir exercer leur art. Il fallait des musiciens de chair et dos pour
produire la musique, pas des séquenceurs.
Bien sûr, aussi, ce type de texte demanderait que les
termes « art », « bourgeoisie » soient efficacement définis. Ça
nest pas toujours une paire de manches.
Pour ce qui concerne les « punks », il me semble
que nombreux étaient ceux qui savaient jouer, nétaient déjà plus, à
lépoque, des gamins, possédaient pour certains une solide culture musicale et
dans le même temps endossaient, avec parfois beaucoup dallure une
défroque sympathique.
Et cest pour lamour de la musique que, le temps
passant, jai inévitablement élargi ma palette, en passant de mais sans les
lâcher : il sagit dun cumul : T.Rex, Slade, Led Zeppelin => King
Crimson, Genesis, Yes => Faust, Neu!, Can, Amon Düül II, Tazartès => Satie,
Bartok, Chrome, Pere Ubu, Residents, Psychic TV => (presque) toutes les musiques du
monde, (presque) tout le répertoire dit « classique ». Je bloque souvent sur
le jazz, que je trouve bavard. On va me haïr pour cette phrase. Never mind the bollocks.