Scorpion Violente journal de bord I


Un roadtrip qui commence sans voiture pendant une grève des trains ne peut que dérailler au moins un temps.
Surtout lorsque l’agent t’annonce gentiment mais fermement que le train que tu as consciencieusement cherché sur la page d’infos de crise de la SNCF n’existe pas. Du tout.
Même pas lorsque la circulation est sur un mode conventionnel.
Le fait d’avoir une fois et demi ton poids en matos archaique et mal réparti dans des sacs inadaptés n’aide pas non plus.
Mais bon, entre 3 et 8 heures de route en solo via des gares foireuses, finalement, pas de grosses différences, à part les courbatures et les litrons de fluides corporels dont j’ai dû me délester, principalement de la sueur.
Et évidemment, un road trip, ça implique nécessairement une voiture.
Donc inclure les galères féroviaires, ce serait malhonnête.

Après un savant agencement d’instuments, médicaments, fringues (remarquez la hiérarchie entre les éléments emportés), nous voilà sur la route de la Suisse, celle d’Hitler et de Satan. Et certainement de Mr Propre.

Une tentative d’abandon d’un des musiciens majeurs de la scène strasbourgeomessine sur un parking s’étant soldée par un échec (la vieille technique de « compte les voitures sans te retourner et quand tu arrives à mille, tu peux revenir dans la voiture, on ne bouge pas, t’inquiète » a moyennement fonctionné), on s’est rabattu sur le plan originel, assurer deux concert plein de malveillance, de fantômes de rastas violés par des clochards skinheads, de lézards avec des gros seins et des flingues, et de choses inavouables en comparaison. La mort autoproclamée du rock a du bon parfois (souvent).

Le rapport au temps d’un endroit à l’autre varie de façon drastique.
Lorsque tu annonces 22h par exemple, en suisse, va savoir pourquoi, ça veut dire 21h30, à Metz 23h, à Strasbourg « quand tu veux j’en ai rien à foutre viens picoler avec nous, fais pas ta sucrée », et en Italie ça s’étire carrément jusque minuit 23, pour ne citer que les exemples qui nous concernent ici.
Arbitraire du signe, mécompréhensions liées à la barrière de la langue, implicites génético-culturels, réalités parallèles, décalage horaire, variations sur le sens de l’aproximation, faites votre choix, trouvez-vous une explication qui vous corresponde, moi, je me contente de rapporter les faits, le reste, c’est plus mon problème.

Mais compte tenu des données mentionnées plus haut, on peut dire que, dans la mesure où l’heure annoncée était 20h30 à Neuchatel, arriver à 22h était passible de viol collectif et/ou peine de prison. J’ai échappé à la prison…