001.01.003
Ciel, aluminium, rideaux, rouille, fer forgé
- tout ça est (serait) presque élégant. Il y a dans
le ciel (aluminium, rideaux, rouille) des nuages diffus dont on sait (dont
on sait) tout le mal qu'on en peut penser. Et les jambes. Les jambes. Les
jambes satinées, longues, éhontées. Et cet air de
dédain (ou d'incompréhension) : elle n'est pas comme nous.
Quoique nous lui fassions (et quoique nous puissions lui faire) rien ne
l'atteint, rien ne la touche : elle n'est pas là.
Et la poitrine, menue. Et ces - couleurs qui ne vont pas dont on ne peut
se passer. Elle attend. Elle attend qu'il ne se passe rien (pour elle :
le quotidien). Alors on voit : la mécanique, les charnières,
les fils du téléphone. Il ne faudrait pas ça. Ça
incruste le rêve, cela l'entame, l'entache. A la fin il ne reste
que ça, ces éléments triviaux qui doucement se meuvent
se referment, nécessairement funestes, qui emplissent le monde et
nous, qui regardions. Elle restera comme ça : inerte, debout, insolente
et fermée. Ses yeux sont au delà de nous, le corps à
portée de la main… (Nous l'aurons rencontrée dans un aéroport,
dans un hôtel de luxe. Et nous aurons parlé d'argent avec
simplicité.)
charles bösersach, routines, 20.09.2001