F.J. Ossang | ||||||||
Créateur tous azimuts. | ||||||||
Ne rien laisser derrière soi. | ||||||||
Je détestais les années 70 Céline, Burroughs sont aussi très souvent cités par Ossang. La voix de Burroughs est utilisée à la fin de Docteur Chance. Ossang cite volontiers Trotsky : « Tout ce qui commence en littérature française dans la vitalité avec Rabelais, se termine dans le désespoir avec Céline ». Cette attirance pour Burroughs de la part d'un punk peut sembler surprenante. « Burroughs était complètement en rupture avec le flower power. Pélieu trouvait le punk éclatant. Ça m'allait parfaitement, je détestais les années 70, les babas, tout ceux qui sont venus dans le rock alternatif par la suite. Je déteste tout ce qui peut me rappeler cette époque, les centres commerciaux, les cuisines vertes et oranges, tout était subitement devenu laid, même les voitures. Ce mauvais goût bourgeois devenait systématique : le sans-goût et le dégoût ! » Le mauvais goût des bourgeois, la classe moyenne rampante décriée dans L'affaire des Divisions Morituri , Sanguinetti comme référence majeure du premier court-métrage, la camera silens et la Fraction Armée Rouge, etc. Cela suffit à classer son homme dans le rang des gauchistes. « Selon moi, Debord et Sanguinetti étaient les rares à exprimer la vérité. D'ailleurs à l'époque, je me présentais souvent comme F.J. Ossang, spectateur ! Et j'étais effectivement spectateur, des deux événements les plus marquants : les Sex Pistols et la RAF. « J'ai d'ailleurs souvent retrouvé cette haine du premier monde, par opposition au fameux tiers-monde, dans les pays que j'ai traversé. Mes meilleurs souvenirs sont dans ces pays hors du premier monde (Europe et US) : toute l'Amérique du Sud et la Russie sont des moments inoubliables. Deux exemples : la première vraie projection de L'Affaire des Divisions Morituri a eu lieu en Pologne ; alors que le meilleur concert de MKB était à Kiev, où tous les spectateurs avaient sous le bras des disques pirates de MKB ! » « De manière générale, je pense qu'il faut maintenir une permanente contradiction. Comme disait Nietzsche, le vrai génie c'est de durer... » Le Noise and roll Les Messageros Killers Boys, se situent presque malgré eux au cur du rock alternatif français des années 80. Les disques sont produits par les anciens de Métal Urbain, sortis (en partie) sur Bondage. Et pourtant on a du mal à imaginer M.K.B. comme faisant partie du même mouvement. « Après Ceeditions, on tombe par hasard sur Lucrate Milk, avec qui on enregistre un split. Ce sont eux qui étaient le lien entre la scène alternative et M.K.B.. C'est vrai que musicalement j'étais plus orienté Throbbing Gristle ou Cabaret Voltaire, mais avec eux ça a été le coup de foudre ! De toutes façons, MKB ne faisait que des bons concerts. Le concept de noise and roll nous convient parfaitement : le but du rock est de faire du bruit, de dégager de l'électricité. Et on y arrivait plutôt pas mal ; dans chaque concert, Éric Debris qui était aux manettes, montait le son au fur et à mesure... Ensuite, en 1985, je suis parti au Portugal, j'étais un peu décalé par rapport aux punks. » Que retenir de M.K.B. ? Groupe atypique de la scène parisienne des 80's, laissant un petit goût de frustration. On attend toujours LE grand album qui montrera pleinement le potentiel entrevu. Le chant de Ossang, tout en textes scandés, donne une bonne image de l'énergie qui traverse toute son uvre. La musique, quant à elle, semble naviguer entre punk (guitares, phrasé ravageur) et industriel (Cabaret Voltaire). Il est intéressant de noter que d'autres musiciens, comme Frédéric Acquaviva et son requiem en K majeur, utilisent ces textes. Dans cette uvre, Ossang lit ses propres textes sur une musique composée spécialement pour l'occasion. Le cycle création destruction L'uvre littéraire d'Ossang recoupe trois grands domaines : le roman, le récit autobiographique et/ou de voyage, et enfin la poésie. La tension, la densité extrême de la prose d'Ossang se perçoit dans Génération Néant. Énorme roman, à l'intrigue complexe, traversée par des flashes déclamatoires, il reste le plus "hermétique" aux néophytes, au contraire de la poésie, où on le sent plus reposé, en pleine phase ascétique. Ossang court, fait le tour du monde, et tel le Phénix, semble renaître (de ses cendres ?) chaque matin. C'est sans doute la raison pour laquelle les dates sont omniprésentes dans ses livres, comme il le confirme : L'avenir ? « J'ai réussi à être en dehors de tout, intégré ni dans le cinéma, ni dans la littérature, ni dans la musique... » Nul doute qu'on aura encore longtemps l'occasion de s'ébaubir devant les futures productions...
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Miguelito Lovelace pour le MHM, 2001. |