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  F.J. Ossang


  

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 F.J. Ossang
    

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Ne rien laisser derrière soi
(entrevue avec M. Lovelace, 2001)

— Introduction

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 Ne rien laisser derrière soi.


 

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Entrevue avec Miguelito Lovelace pour le MHM, 2001, page 2.

 
 

      

Je détestais les années 70
   

 Céline, Burroughs sont aussi très souvent cités par Ossang. La voix de Burroughs est utilisée à la fin de Docteur Chance. Ossang cite volontiers Trotsky : « Tout ce qui commence en littérature française dans la vitalité avec Rabelais, se termine dans le désespoir avec Céline ».

 Cette attirance pour Burroughs de la part d'un punk peut sembler surprenante. « Burroughs était complètement en rupture avec le flower power. Pélieu trouvait le punk éclatant. Ça m'allait parfaitement, je détestais les années 70, les babas, tout ceux qui sont venus dans le rock alternatif par la suite. Je déteste tout ce qui peut me rappeler cette époque, les centres commerciaux, les cuisines vertes et oranges, tout était subitement devenu laid, même les voitures. Ce mauvais goût bourgeois devenait systématique : le sans-goût et le dégoût ! »

 Le mauvais goût des bourgeois, la classe moyenne rampante décriée dans L'affaire des Divisions Morituri , Sanguinetti comme référence majeure du premier court-métrage, la camera silens et la Fraction Armée Rouge, etc. Cela suffit à classer son homme dans le rang des gauchistes.

 « Selon moi, Debord et Sanguinetti étaient les rares à exprimer la vérité. D'ailleurs à l'époque, je me présentais souvent comme F.J. Ossang, spectateur ! Et j'étais effectivement spectateur, des deux événements les plus marquants : les Sex Pistols et la RAF.
Mais, je ne me sens pas très à l'aise avec les termes droite-gauche, malgré tout très relatifs. Selon l'hémisphère dans lequel on se trouve, les points de vue sont relatifs. Ainsi en Jamaïque tous les repères étaient renversés : les descendants des colons blancs, donc exploiteurs de père en fils, se retrouvaient pro-cubains et anti-yankees. »

 « J'ai d'ailleurs souvent retrouvé cette haine du premier monde, par opposition au fameux tiers-monde, dans les pays que j'ai traversé. Mes meilleurs souvenirs sont dans ces pays hors du premier monde (Europe et US) : toute l'Amérique du Sud et la Russie sont des moments inoubliables. Deux exemples : la première vraie projection de L'Affaire des Divisions Morituri a eu lieu en Pologne ; alors que le meilleur concert de MKB était à Kiev, où tous les spectateurs avaient sous le bras des disques pirates de MKB ! »

 « De manière générale, je pense qu'il faut maintenir une permanente contradiction. Comme disait Nietzsche, le vrai génie c'est de durer... »
 

Le Noise and roll
 

 Les Messageros Killers Boys, se situent presque malgré eux au cœur du rock alternatif français des années 80. Les disques sont produits par les anciens de Métal Urbain, sortis (en partie) sur Bondage. Et pourtant on a du mal à imaginer M.K.B. comme faisant partie du même mouvement.

 « Après Ceeditions, on tombe par hasard sur Lucrate Milk, avec qui on enregistre un split. Ce sont eux qui étaient le lien entre la scène alternative et M.K.B.. C'est vrai que musicalement j'étais plus orienté Throbbing Gristle ou Cabaret Voltaire, mais avec eux ça a été le coup de foudre !

 De toutes façons, MKB ne faisait que des bons concerts. Le concept de noise and roll nous convient parfaitement : le but du rock est de faire du bruit, de dégager de l'électricité. Et on y arrivait plutôt pas mal ; dans chaque concert, Éric Debris qui était aux manettes, montait le son au fur et à mesure...

 Ensuite, en 1985, je suis parti au Portugal, j'étais un peu décalé par rapport aux punks. »
Cette période est marquée aussi par les disparitions d'amis : Olivier, alias Pronto Rushtonski, bassiste du groupe, et Elno, célèbre chanteur des Négresses Vertes, que l'on voit apparaître dans L'Affaire des Divisions Morituri, et qui a failli jouer sur Le Trésor des Iles Chiennes. Cela ne se fit pas, à cause ou grâce au succès international des Négresses.

 Que retenir de M.K.B. ? Groupe atypique de la scène parisienne des 80's, laissant un petit goût de frustration. On attend toujours LE grand album qui montrera pleinement le potentiel entrevu. Le chant de Ossang, tout en textes scandés, donne une bonne image de l'énergie qui traverse toute son œuvre. La musique, quant à elle, semble naviguer entre punk (guitares, phrasé ravageur) et industriel (Cabaret Voltaire).

 Il est intéressant de noter que d'autres musiciens, comme Frédéric Acquaviva et son requiem en K majeur, utilisent ces textes. Dans cette œuvre, Ossang lit ses propres textes sur une musique composée spécialement pour l'occasion.
 

Le cycle création destruction
 

 L'œuvre littéraire d'Ossang recoupe trois grands domaines : le roman, le récit autobiographique et/ou de voyage, et enfin la poésie.
Les récits autobio sont un bon moyen de découvrir l'imbrication des activités d'Ossang, on y voit sa vie se dérouler, ses amours, ses relations avec la musique et le cinéma, ce qui structure la vision de cet univers. Il n'est pas tendre avec lui pourtant : « La pute et l'ivrogne », ainsi décrit-il lui et sa compagne Elvire (dont la rencontre est un grand moment de poésie, que je vous laisserais découvrir...).

 La tension, la densité extrême de la prose d'Ossang se perçoit dans Génération Néant. Énorme roman, à l'intrigue complexe, traversée par des flashes déclamatoires, il reste le plus "hermétique" aux néophytes, au contraire de la poésie, où on le sent plus reposé, en pleine phase ascétique.

 Ossang court, fait le tour du monde, et tel le Phénix, semble renaître (de ses cendres ?) chaque matin. C'est sans doute la raison pour laquelle les dates sont omniprésentes dans ses livres, comme il le confirme :
« Je me souviens par le temps, chaque année pour moi correspond à une période bien marquée, à un souvenir précis. C'est comme dans les légendes babyloniennes, avec le perpétuel cycle création-destruction ».

L'avenir ?
 

 « J'ai réussi à être en dehors de tout, intégré ni dans le cinéma, ni dans la littérature, ni dans la musique... »
N'empêche qu'Ossang, bien qu'il déclare être en phase intermédiaire, a encore une actualité : un nouveau livre, Tasman Orient, sorti le 21 mai 2001 chez Diabase, un nouveau film en préparation Dharma Guns, et le tant attendu disque ultime de M.K.B. !

 Nul doute qu'on aura encore longtemps l'occasion de s'ébaubir devant les futures productions...

 

      


 
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Miguelito Lovelace pour le MHM, 2001.


  
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