29_jeudi

{10:18} En ce moment…

Milieu juin, Nabila a envoyé une plaie, mais depuis personne d’autre, alors je vous la donne quand même pour que rien ne se perde :

Der Golem – Zmet (1999)
Die Antwoord – $o$ (2009)
Burzum – Belus (2010)
Fox the Fox – Precious Little Diamonds (1984)
J.B. Banfi – Galaxy My Dear (1978)


En ce moment, je ne sais plus trop de quoi j’ai envie, notamment écouter de la musique ou pas -et quoi ?

J’ai l’impression que la pointe de lecture de la platine est fatiguée; la changer ? ou plutôt installer cette platine scandinave achetée pour mon noël il y a un an et demi et toujours pas installée, qui traîne dans son carton, posée à côté du meuble hi-fi-télé, avec les piles de livres achetés et pas lus ou pas terminés par ma douce ou moi ou terminés mais pas rangés ?

Je dois construire une nouvelle étagère parce que ça rentre plus les disques là dans les actuelles étagères; mais avant, je dois trier les cassettes audio, je ne sais plus trop pourquoi mais c’est lié, je dois jeter toutes ces cassettes enregistrées pendant toutes ces années où je n’avais pas assez d’argent pour acheter des disques et où j’enregistrais ceux des copains -de toute façon, ceux que j’aimais je les ai achetés depuis longtemps / -de toute façon, je ne les écoutais que dans l’autoradio et ça fait plusieurs années que j’ai un autoradio qui ne passe que des cédés. Et, ils s’en souviennent les lecteurs de ça ?

Je ne sais pas trop pourquoi je ne l’installe pas cette nouvelle platine-disque, je n’en ai pas parlé à mon analyste -notamment parce que je n’ai pas d’analyste mais pas seulement. Je vous en parle à vous alors : il y a l’Immense fait de ma fainéantise-procrastination -je dois en même temps changer l’ampli qui grésille pour l’autre vieux qui est dans le placard -je ne sais plus trop pourquoi mais c’est lié; il y a aussi que je n’aime pas jeter les machines qui fonctionnent avant qu’elles ne meurent; il y a encore que j’ai cette platine-disque depuis 34 ans, oui 34 ans!, depuis qu’un croche-patte me cassa la jambe en deux endroits et en biseau dans le préau du collège et qu’avec le pretium doloris on m’acheta cette Technics™ à la place de mon électrophone avec le baffle dans le couvercle.

Sinon, je n’ai pas acheté grand chose ces temps en matière de disques parce que je vais partir en vacances au mois d’août et que je ne veux pas que le facteur les enfourne dans la boîte et les casse comme à son habitude, ou bien qu’ils arrivent et repartent avant que je ne sois revenu, donc rien depuis début juillet, un large délai comme celui de la circulation postale planétaire. Et, je ne m’occupe donc plus périodiquement d’exécuter mes 99 recherches favorites dans Eb*y et ça ne m’a même pas manqué, tout change. Tout de même, une recherche automatique m’a permis de trouver ce disque que je voulais depuis quelques temps et j’ai demandé à l’Allemand s’il pouvait me l’envoyer à mon retour et il a été assez aimable pour dire Ja!

Je pars en vacances sous peu oui, je ne vous manquerais pas parce qu’ici on ne me voit guère, pour sûr. Et si vous me « géolocalisez », vous pourrez venir défoncer ma porte et -si vous venez avec une camionnette et des bras costauds- voler une platine scandinave neuve et deux vieux amplis dont un qui grésille, une télé avec un écran même pas plat, ou quelques-uns ou la totalité de mes quelques milliers de vieux disques vinyles, ou des romans policiers et des bouquins de socio mais je n’en parle pas trop parce qu’ici ce n’est pas un blogue de livres mais un blogue de musique, normalement. Peut-être que vous, vous serez plus décidé que moi à propos de quoi jouer sur la vieille platine, en ce moment, moi pas trop.

Avant de partir en vacances, je vais sans doute aller au sud vers l’hôpital ou mon ami se meurt semble-t-il, son « pronostic vital est engagé », il ne lui resterait plus que « quelques semaines ». Il a dit que ce n’était pas la peine que je vienne, il a du mal à parler et ça le fatigue, et le degré de douleur est à 8 (quoi que ça signifie exactement… je suppose qu’on le sait quand on y est soi-même), et la morphine n’agit plus. Mais, je vais sans doute y aller quand même, pour mon confort surtout, parce que je ne crois pas que j’aimerais revenir du camping et apprendre qu’il est mort sans que je le revoie.
Pour parler de musique un peu, Vlad aime le rock sixties un rien garage, le reggae-dub, le punk anglais façon Clash ou Ruts, il aime bien certaines cassettes que je lui ai enregistrées autrefois et les cédés que ses amis lui gravent, il aime bien aussi Liza Germano, personne n’est parfait, il aime des tas d’autres trucs j’imagine, il a fait de la radio autrefois, au temps des radios dites libres, avec son ami qui est devenu archéologue départemental ou avec un autre ami peut-être. Je ne sais pas s’il a sa mini-chaîne avec lui dans cette maison où on l’a rangé pour laisser de la place à l’hôpital, je ne sais si on a envie d’écouter de la musique quand on a très mal et qu’on se meurt.

Je crois que je vous parlerai plus tard des disques que j’écoute, ou pas, d’ailleurs.

27_mardi

{11:20}

je lis des blogs, des commentaires sur des blogs – je lis des listes et des playlistes – on parle de « l’histoire rock », de « groupes importants » – je me souviens que le fils de pute qui m’a piqué la personne que j’aimais parlait de « vrais music fans » (quelle putain de médaille de merde) – je pense que moi-même, j’ai aimé lister les groupes, les albums, les sous-genres – quand j’avais 16 ans –

en fait, tout ce faux débat art vs. culture ne m’irrite même pas – simplement ça me semble relever d’un contresens total – pour autant, je n’ai pas la clef, je ne sais pas comment articuler les choses, je ne sais pas si je suis même censée les articuler –
ce que je sais c’est que le fait de voir des disques affichés, posés sur la tranche comme des éléments signifiants, sur une bibliothèque ou sur un mur, chez telle ou telle personne, me mettait hors de moi – bien sûr, il y a une évidence un peu simple, un peu limitée, d’allergie à la bourgeoisie – mais bon, je suis aussi allergique aux universitaires (ou plutôt à Greil Marcus) –
je sais aussi que, par contre, les discothèques de Brian, d’Hicham ou de Guy Mercier m’ont plu – pas forcément par leurs dimensions, mais parce qu’on pouvait s’y perdre – posés devant le rayon « synthe-drone », chez Brian, il y avait des LPs de fanfares, de bruitages – il avait aussi des 7 » de Sloth, avec des dessins maladroits d’escargot – chez Guy, j’avais vu des coil, des andreas dorau, un elton john et par terre encore, des dizaines d’autres disques –
ce truc des disques au sol est vraiment important, comme une forme de chaos horizontal –

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bon, je ne sais pas vraiment ce que j’essaie de formuler, et puis, oui ok, tout ça sonne comme un statement à la con –

voilà : j’ai aimé acheter des disques au rideau de fer, bouger des piles énormes pour trouver un LP des wipers et l’offrir à Benjamin, j’ai aimé écouter harry pussy à fond chez Hendrik, en travaillant – je n’ai jamais rien lu qui me parle correctement de tout ça, aimer la musique – aimer entendre de la musique – avoir peur et être sidérée à la première écoute du brown book – ou de filosofem – je crois qu’on ne peut pas écrire correctement sur ça –

les premiers disques que j’ai achetés étaient des cassettes – avec mon argent de poche – à 10 ans : AC/DC, queen et machine head – et je ne supporte la « liberté d’esprit » affichée si fièrement par les trous du cul qui te disent aimer les groupes de « mauvais goût » –

en fait, plus simplement, je n’aime pas les gens qui « parlent de musique » – je ne crois pas au « partage culturel » – la musique que j’écoute est faite pour faire la guerre – ou pour ne pas entendre parler les connards –

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