On est plus vieux qu’en décembre 2016, mais ça va bien, ceci dit, merci.
On est plus vieux qu’en décembre 2016, mais ça va bien, ceci dit, merci.
les raisons politiques
de la publication de cette
musique, à cet instant précis
existent
surement
forcément
pleures
parce que j’aime bien
que tu pleures
ça me passera
sans doute
tu le sais bien
et pour ça
tu pleures
à quoi ça sert
madame
de vous écrire
oui, madame
je ne vous le demande pas
moi aussi, j’ai
d’autres idées en tête
pour le moment
ce truc
était, ce matin, pas mal
je suis tombé dessus en achetant un 45t d’Amos et Sara
car c’était Noel et
je ne crois pas en dieu
c’est peut etre un peu trop long
c’est vrai
qu’est ce que je voulais dire…
ah oui jessica 93 quelle merde, hein ? et jc satan ? c’est nul
enfin ils ont au moins le mérite de ne pas utiliser leur nom de famille
non les gens qui utilisent leur nom de famille pour faire des disques, des concerts, je crois qu’il n’y a pas pire
c’est de la merde
je ne comprends pas qu’on tolère ça
ce matin là, est maintenant passé
il y a presque une semaine
aujourd’hui je me rappelle de deux disques
en dehors de ceux que j’ai sortis, aussi deux
je me rappelle de l’album de eek « live at the cairo high cinema institute », parce qu’il était tellement nouveau et enthousiasmant et que je le remettais tout le temps et puis je me rappelle de l’album de pierre et bastien, parce qu’il était le meilleur d’une certaine tradition historique, le meilleur du maintenant de cette histoire, et que je m’inscris dans cette histoire, par choix, et que j’aime bien les gens, et que je le remettais tout le temps
aussi
il n’y a pas de nation pour les ennemis du capitalisme
nous sommes partout, différents, et nous les détruirons
c’est au moins une chose que j’aurai résolu
car la question de la culture et de la mondialisation, celle de l’internationalisme
m’aura pas mal préoccupé
si je pense à autre chose je vous le dirai
en dehors des deux disques que j’ai sortis, aussi
There are things that I’d like to say
But I’m never talking to you again
There’s things I’d like to phrase some way
But I’m never talking to you againI’m never talking to you again
I’m never talking to you
I’m tired of wasting all my time
Trying to talk to youI’d put you down where you belong
But I’m never talking to you again
I’d show you everywhere you’re wrong
But I’m never talking to you againI’m never talking to you again
I’m never talking to you
I’m tired of wasting all my time
Trying to talk to you, talking to youI’m never talking to you again
I’m never talking to you
I’m tired of wasting all my time
Trying to talk to you
oui, ça
c’est un cadeau
on peut être comme tout le monde
aujourd’hui simplement
comme tout le monde
on peut être n’importe qui
juste aujourd’hui
j’ai effacé
absence VI
je peux être très naïf
et involontairement faire
des choses qui me dépassent
là je m’en suis aperçu
c’était tellement évident
vous, vous l’auriez vu
tout de suite et vous,
aussi, toi
nous tous
nous n’avons pas besoin de cette naïveté
ni vous
ni moi
ou absence IV
enfin vous voyez
vous arrivez à suivre
cette fois je n’ai pas pris qu’un seul disque, j’en ai pris pas mal
oui j’ai pris l’intégrale hype williams
et les albums solos de dean blunt
« What’s up, nigga? Why you so depressed and sad all the time like a little bitch? What’s the problem, man? Niggas want to hear you rap. Don’t nobody care about how you feel, we want raps, nigga. »
il y a un peu une perte de sens
et je suis débordé par mon propre exil
bonjour, oui je voulais vous dire bonjour
mais je n’étais pas là
vous vous en êtes rendu compte
sans doute, je l’espère mais ça
n’est pas sur, je n’étais pas là
j’ai pris la route et je suis
maintenant
dans une sorte de prison qui n’a
pas de limites, un enfermement infini
j’ai trouvé du thé
j’ai trouvé une tartine grillée
ah non je n’étais pas là
vous avez remarqué
heureusement en lisant ça j’ai repris gout à la détestation d’une certaine forme d’humanité
celle de la loi
celle de l’ordre
et puis j’ai pensé à vous
car je n’étais pas là
et je bois du thé
subitement je me suis rendu compte de ce qu’il s’était passé hier
Juste avant de traverser cette rue
des baffes
qui se perdent
le Golem qui nous protégera de Manuel Valls ?
j’avais perdu le mot de passe
ou autre, chose que j’avais
perdue
vous pouvez m’écrire, mademoiselle, je vous répondrai
mais plutôt demain
soir
Body one, body two, body three, body four
Body one, body two, body three, body four
Numbers
Body one, body two, body three, body four
Body one, body two, body three, body four
Body one, body two, body three, body four
Body one, body two, body three, body fourse réveiller avec des trucs comme ça dans la tête
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je ne sais plus quoi dire
je crois que je vais mettre une video
et ne plus partir une semaine en vacances
en plus, vous savez déjà ce que je vais dire
de tout ça
il y a un disque que j’ai déjà
achat pour revente
misère
{écrit par Elise Vertige, pour nous… Merci}
Comme je ne dors plus que cinq heures par nuit depuis un mois, j’ai vachement plus de temps qu’avant pour penser à plein de choses et puis, parce que j’ai lu ici les belles apparitions de Guy Mercier et Goo Blum et qu’il y a longtemps que je voulais dire deux ou trois choses sur les Happy Mondays et que là, il est sept heures du mat’ et que j’ai rien d’autre à foutre, je me suis dit : « Pourquoi pas m’y mettre maintenant? » J’y connais pas grand-chose en musique, les chapelles m’ont toujours emmerdé, je flâne, parfois je cueille, j’ai toujours eu des passeurs pas trop loin (Dorine, tu m’entends ?), et puis les Happy Mondays, c’est un truc d’enfance, c’est le jour où Grégory, mon cousin, un passeur lui aussi, et pas des moindres, m’a emmené voir mon premier concert, c’était au Bataclan, c’était en mars 1990 je crois, et c’est Bez, celui qui ne fait que danser au milieu du bordel, qui m’a vendu mon premier exstasy. C’était à l’entrée, il essayait de refourguer des places comme n’importe quel vendeur à la sauvette et il avait des exstas plein les poches. Alors mon cousin lui en a acheté un qu’il a partagé en deux. Je l’ai avalé et après, je me souviens pas des détails sauf que c’était magnifique et que tout le monde dansait au ralenti sur la scène en fumant des gros zblifs, les yeux révulsés, le sourire béat, et au sommet de la montée, je me suis dit : « Putain, c’est trop bien le rock, c’est comme les montagnes russes, comme l’anarchie, un truc délire et bon esprit, une musique de poissonniers, une eucharistie, une attitude », et puis faut dire que sur scène, elles étaient drôles ces petites frappes de Manchester.
(la vidéo au Ritz de New York donne un bon aperçu de l’ambiance dégénérée des concerts qu’ils firent cette année-là )
C’était comme s’ils s’acharnaient à faire passer leurs morceaux pour de l’improvisation. J’avais jamais eu l’occasion de voir un truc pareil dans ma banlieue de merde sauf quand on faisait de grands feux en lisière de forêt exprès pour se faire pourchasser par les flics. Un peu plus tard je partirais six mois à Londres et j’achèterais tous leurs premiers singles. Je les ai encore parmi tous les vinyles qui traînent dans la cave de ma mère.
Leurs deux premiers albums sont magnifiques, ainsi que les pochettes. Le premier, Squirrel and G-Men, c’est John Cale qui l’a produit. Le son est crasseux, ils savent pas encore très bien jouer, mais il se passe un truc : c’est lourd, c’est poussif, ça racle, ça suinte, ça traîne, la voix de Shaun Ryder emmène tout ce petit monde on ne sait pas trop où, ça pourrait être le pire truc jamais entendu et pourtant c’est beau comme l’incertitude des mouvements musculaires dans les plaies des parties molles de la région cervicale postérieure. Au fond, ce que j’aime bien chez eux, c’est que comme ils savaient pas trop bien jouer, ils ont donné au « poussif » ses lettres de noblesse (c’est des Anglais, hein, faut pas oublier), ajouté à ça un je-m’en-foutisme comme on a rarement vu dans l’histoire de la création. Pour leur troisième album, Pill’s and Thrills, un ratage complet, le début de la fin, ils se débrouillent pour enregistrer aux Barbades où ils restent des mois à dépenser tout le fric de la production et à prendre toutes sortes de drogues, parce que le saut dans le vide, y a que ça à faire. La notoriété, ils en rient parce que c’est du vent, c’est comme une montée d’exsta, pas plus. Ils savent au fond qu’ils reviendront toujours à Manchester, leur port d’attache, aucune illusion déplacée ou ego purulent : ils savent de quel quartier ils viennent. On ramasse, on prend, on se marre, on liquide tout, on disparaît. C’est beau comme une inhumation précipitée. Quand ils apparaissent à la télé, c’est complètement défoncés : ils pourraient être en train de siroter leurs pintes dans leur bar favori, ce serait pareil, toute cette agitation n’a aucune importance, allons au bout de la provoc’ en dansant, le reste on vous le laisse, c’est sale, on restera toujours au-dessous de tout ça : ce qu’on aime nous c’est la foirade. Leur second album, Bummed, démarre sur des croassements, ils annoncent la couleur tels des oiseaux de mauvais augure : en Angleterre on nait prolo et on reste prolo jusqu’à plus soif. Les paroles de leurs chansons, c’est du grand n’importe quoi, on n’y comprend rien, même les surréalistes ne sont jamais parvenus à un aussi grand degré d’abstraction. Les titres, c’est pareil : Tart Tart, Kuff Dam ou Brain Dead sont selon moi des chefs d’oeuvre, ils ressemblent à Bez et à Shaun Ryder, ce couple électrique aux carcasses défaites par l’abus d’hallucinogènes. « Madchester », les journalistes ont appelé ça mais seuls les Happy Mondays valaient le coup je crois à part une ou deux autres exceptions peut-être. Bref, les Happy Mondays ce fut avant tout un cirque, un truc pour gens pas sérieux, une des dernières tentatives pour faire danser toute l’Europe avant que les concerts deviennent réglementés comme tout le reste, une anarchie joyeuse et couronnée, un truc qui me va droit au cœur parce que c’est la fin de mon enfance qui s’est jouée là et que sans eux, peut-être, je rigolerais moins aujourd’hui. Danser le sourire aux lèvres au milieu de la catastrophe, y a que ça à faire mes bons amis, sinon on coule : les Joyeux Lundi ont fait les deux.
God Bless.
Elise Vertige