Numéro 6

  
Pour lire pas lu  

Pour Lire
Pas Lu

 
   
  
trait.gif (119 octets)
   
index général
  
Leurs crânes sont des tambours...

Le journal qui mord et fuit...  

Prix : 10 F

 
 
   
trait gris    

Imprimez

Sommaire

   
 Les médias c'est la guerre ! ouverture du dossier

 La laisse d'or : Josyanne Savigneau

 Pour relire pas relu : A. Adler

 Faire un président à l'américaine

  PLPL rééduque la presse : « 11 septembre »

 Les Sardons parlent aux Sardons

 Dossier : Les pyromanes de l’insécurité

PLPL vous offre un matraquage

 Affiche PLPL

 Brèves moustachues

 Europropagande

 Les MédiAttac

 Document PLPL :
Décryptage d’un sondage du Monde (qui ment)

pointr.gif (823 octets) Abonnements      

 

   
    dossier

L’AUTRE GUERRE DES MÉDIAS

 

   
De droite ou de « gauche », chaque thuriféraire de la police sait pouvoir compter sur l’axe que forment les médias et les sondeurs colporteurs de peur. Dès août 1999, Jérôme Jaffré 3 – que Philippe Seguin décrira plus tard, à juste titre, comme « un fat, imbécile et prétentieux » (FIP), « un copain de Colombani » (lire PLPL, n° 5) – donna le ton : « Il y a une montée de l’insécurité dans les priorités des Français. Au premier semestre de cette année, plus d’un quart des interviewés cite “la lutte contre la violence et la criminalité” comme problème numéro un du pays, score jamais atteint depuis un quart de siècle. Au début de 1995, seuls 6 % des Français plaçaient ce problème en tête de leurs préoccupations. […] Le discours plus ferme [du gouvernement de gauche] sur l’insécurité et les peines infligées aux délinquants, même très jeunes, visent à prendre en charge ces préoccupations. » (QVM, 15-16.08.99)

Jeudi 02/08/2001

Le FIP Jaffré aurait-il détecté cette « montée de l’insécurité dans les priorités des Français » sans le fanatisme doctrinaire des médias qui lui paient ses sondages ? Fanatisme, le mot est encore faible quand des dessinateurs de presse assimilent les délinquants à des « rats » qu’on doit « exterminer » (voir ci-dessous l’un des ultimes croquis du grabataire Jacques Faizant dans Le Figaro), ou lorsque le QVM sonne l’« alerte » contre la « délinquance » à coup d’affichettes dignes de la propagande « anti-terroriste » du régime de Vichy.

Dénoncer l’insécurité ou le terrorisme à coups de manchettes hurlantes est aussi la spécialité du quotidien Le Parisien. La politique éditoriale de ce torchon consiste en effet à décliner la thématique de l’insécurité sur tous les tons. PLPL a conservé les « unes » de ce journal (lire page 12 de ce numéro) qui, avec son édition nationale Aujourd’hui, endoctrine deux millions de lecteurs.

Dès le 3 janvier 2001, Le Parisien prévient en « une » : « Trains de banlieue : l’insécurité monte » Un mois plus tard, c’est « Violence des enfants : les parents débordés ». (03.02.01) Le 25 février, l’édition dominicale dévoile « Les vraies raisons de la guerre des bandes ». Une semaine passe et « La violence est entrée à l’hôpital ». (02.03.01) Puis vient le tour des médecins : « Banlieue : le SOS des médecins », l’interview d’une commerçante « agressée 56 fois dans sa pharmacie ». À partir de juillet, le terrorisme sécuritaire devient quasi quotidien. Le 7, on annonce une « Montée de la violence dans les trains grande ligne » – au retour des vacances, ce sera : « Trains. Comment voyager en sécurité ». (31.08.01) Au plus fort de cette vague, Le Parisien titrait : « Banlieues. Les pompiers ont peur ». (17.07.01)

Début septembre, un individu tire sur la police à coups de bazooka. La télévision embraye avec de nouvelles idées. Du 4 au 6 septembre, les journaux de France 2 et de TF1 enchaînent des sujets sur les armes dans les cités, l’islam dans les banlieues, la menace terroriste (déjà !). « De la ville à l’école, l’insécurité est devenue le principal sujet de préoccupation », coassait Daniel Bilalian. (France 2-13 heures, 06.09.01) N’est-il pas temps pour le FIP Jaffré de sonder à nouveau quelques drogués des médias chauffés à blanc ? La lutte contre l’insécurité est, assurément, leur première priorité…

Le monde enchanté de la délinquance patronale

Pittbulls, bandes de délinquants, « tournantes » dans les caves, couvre-feux, violences urbaines, bandes de filles, palmarès des « cités interdites », convoyage d’euros dans les quartiers chauds, incivilités, chiffres de la l’insécurité, héroïsme de la police, délinquance en vacance, fondamentalisme musulman… les thèmes retenus par les journalistes au prétexte d’informer sur « l’insécurité » suggèrent que les quartiers populaires seraient aussi mal famés que des bagnes. Et que ces « jeunes » représentés avec un bandeau noir sur les yeux ou le visage « mosaïqué » auraient davantage leur place devant un échafaud qu’au pied des tours. Les médias que détiennent des milliardaires se plaisent à criminaliser les pauvres.

« Il faut maintenant tourner une page », plaide Nicolas Sarkozy dans Le Point (31.08.01). Mais ce n’est pas le sort des habitants des quartiers pauvres qui préoccupe le petit traître balladurien (PTB), maire de Neuilly. C’est le destin de ses amis patrons. Sarkozy est indigné : « La moitié des chefs d’entreprises du CAC 40 a été mise en examen. » De fait, au cours du seul mois de juin dernier, Claude Bébéar, patron d’Axa, a été mis en examen pour « blanchiment de capitaux aggravé » et Alain Gomez, ancien patron de Thomson, inculpé de « complicité de tentative d’extorsion de fonds, abus de biens sociaux et recel ».

PLPL, qu’aucun préjugé n’encombre, s’est demandé si les médias (qui mentent) traitent sur le même registre nauséeux les turpitudes patronales et les quartiers populaires. Le 21 octobre 2000, Le Point (propriété de Pinault) publiait un dossier sur Jean-Luc Lagardère, patron de Matra-Hachette. Pour évoquer la manière dont ses missiles sèment la mort ? Pas tout à fait. Les journalistes avaient préféré consacrer six pages à la « passion » des chevaux qui, selon eux, consumait le marchand de canons . Plus agressif, Le Figaro Magazine a enquêté sur la « passion » musicale « secrète » de trois exploiteurs : Bernard Arnault (LVMH), Jean-Marie Messier (Vivendi) et Michel Pébereau (BNP-Paribas) 5. Patron-passion, patron-pianiste, patron-artiste, l’image fut jugée à ce point délicieuse que Les Échos consacrèrent à leur tour deux pages aux goûts musicaux de Bernard Arnault (12-13.01.01). Serge July-Crassus, patron de l’Écho des start-up (ex-Libération), ordonna sur le champ à ses commis de rédiger un article dont il aurait choisi le titre : « Ces entreprises où l’on dit “Merci patron” ». (ESU, 28.12.00)

Aux profiteurs, qui sont leurs propriétaires, les médias servent des compliments plein d’aromates. Du peuple, ils imposent l’image d’un ramassis de fripouilles. Les médias mentent.

Incivilités médiatiques

La poigne et la cogne qui alimentent les programmes des médias protègent également les journalistes de la haine croissante qu’ils inspirent. Canal+ (Vivendi) vient ainsi de recruter pour « directeur des moyens généraux » un certain Gilles Kaehlin. Cet ancien barbouze de Mitterrand a participé à l’arrestation des membres d’Action directe, « lors d’une opération hasardeuse qui a failli très mal tourner ». Puis, devenu « chef de la police de l’air et des frontières de l’île de Saint-Martin, il dut s’enfuir après que deux cents personnes eurent saccagé le commissariat local pour protester contre l’expulsion massive d’étrangers en situation irrégulière ». (Le Point, 17.08.01) Karl Zéro, employé de Canal+, devrait enquêter…

TF1 n’est pas en reste. Relatant une conférence de presse de la chaîne Bouygues du 29 août 2001, Le Journal du dimanche écrivait : « On se serait cru au G8 avant la bastonnade, avec service d’ordre recruté dans l’amicale des paras : cheveux ras, mâchoires serrées, oreillette en sautoir. » (02.09.01)

« Sécuriser », ce mot d’ordre est désormais celui des dirigeants du journal Le Monde qui, de plus en plus, redoutent une occupation de leurs locaux (21 bis, rue Claude-Bernard, 75006 Paris) par des militants anticapitalistes. Instruits par PLPL, ces derniers ont en effet compris que, au nombre des cibles de la guerre idéologique, le sigle QVM devait rejoindre OMC, USA et FMI.

La suite

Le Point, 15/06/2001

4. À cette occasion, Jean-Luc Lagardère (à qui Jospin et Strauss-Kahn ont bradé Aérospatiale) explique : « Quand je veux comprendre un homme, je l’observe comme un cheval. »
5. Le Figaro-magazine, « Piano. Trois grands patrons donnent le la » (03.06.00).
   

 
Le Magazine de l'Homme Moderne
Mise en ouaibe
ec & mg
Le Mhm