Critique littéraire : Petites promotions entre amis. CFJ, 02/02

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& critique littéraire

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Exposé des faits

Le Monde

Ceux qui composent

Les stricts

« Au commencement il y avait le service de presse, et quelqu'un le reçut, envoyé par l'éditeur. Puis, il écrivit un compte rendu. Puis il écrivit un livre, que l'éditeur accepta et qu'il transmit comme service de presse. Le suivant qui le reçut, fit de même. C'est ainsi que fut constituée la littérature moderne. »
Karl Kraus, Aphorismes, Eds. Mille et une nuits, 1998.

Critique littéraire : Petites promotions entre amis.
Raphaëlle-Anne Leyris, Thibault Tassin de Montaigu, David Verhaeghe.
Centre de formation des journalistes, février 2002.

LE MONDE

osyane Savigneau, chef du service culture et rédactrice en chef du supplément Le Monde des Livres : « Un bête concours de circonstances »

Que s’est-il passé sur le plateau de Campus le 4 octobre ?

Il était clair initialement que c'était à Guillaume Durand de mener l'interview d'Edwy. Je ne voulais pas, et je n'avais pas à intervenir. Mais François Reynaert (NDLR : du Nouvel Observateur), qui n'avait lu que le quart du livre, s'est mis à dire un peu n'importe quoi. Comme je suis quelqu'un d'impulsif, je suis intervenue. Ce qui, je pense, n'aurait pas été bien grave si Edwy ne s'était pas mis à pleurer. J'étais estomaquée. Comme l'émission n'est pas en direct, j’ai considéré que ce passage aurait dû être coupé.

Mais dans le fond, je n’aurais pas dû m’en mêler. La réaction d’Edwy était tellement stupéfiante que certains ont cru à un montage, que je lui avais posé d’autres questions, beaucoup plus méchantes, qui l’avaient fait pleurer. Ce qui est encore plus ridicule.

Qu'avez-vous pensé des attaques qui ont suivi ?

Je comprends que ça ait choqué les gens qui ne connaissaient pas l’histoire de l’intérieur ; alors que c’est un bête concours de circonstances. La situation était même assez ridicule. Ici, au Monde, ça a fait rire.

Les attaques ont blessé Edwy ; moi, je ne suis pas très facilement choquée. C’est quand même la règle du jeu dans ce milieu : attendre les faux pas des autres pour leur tomber dessus.

Néanmoins, je ne suis pas aussi rigide que certains. Ils ont beau pousser des hauts cris, on ne fait pas de système plus mafieux que celui des bourdieusiens. Ils feraient mieux de balayer devant leur porte, plutôt que de chercher les poux dans la tête des autres. Si Serge Halimi était correct, s’il pense vraiment que Le Monde est complaisant, et qu’Edwy est le « roi du téléachat »(1), il devrait arrêter d’être salarié par Le Monde, via Le Monde Diplomatique [Serge Halimi précise qu’il n’est pas salarié du Monde mais du Monde Diplomatique, le deuxième ayant le premier pour actionnaire, NDLR].

obert Solé, médiateur du Monde : « la formule idéale n’existe pas »

En tant que médiateur du Monde, qu’avez-vous pensé de l’émission du 4 octobre ?

Ce n’est pas au nom du Monde que Josyane est à Campus, mais en tant que critique littéraire. Campus, ce n’est pas le cadre du Monde. Josyane et Edwy étaient sans doute gênés tous les deux. Moi-même j’aurais été gêné. Elle plus encore : Edwy est directeur de la rédaction ; Josyane dépend donc directement de lui. Alors que si elle m’interrogeait moi, la question ne serait pas la même : je n’ai aucun lien avec elle.

Si je passais à Campus, je préférais que ce ne soit pas Josyane qui m’interviewe, pour des raisons de crédibilité, vis à vis des gens.

Plus généralement, Le Monde est-il irréprochable en matière de critique littéraire ?

La règle que s’est fixé Le Monde des Livres, n’est pas la formule idéale, qui n’existe pas. On n’a jamais su trouver la bonne règle : en se fixant une ligne très stricte, on ne parle pas du tout d’un livre. Mais je crois que, dans notre cas, les gens savent de toute façon faire la part des choses.

(1) Surnom donné à Edwy Plenel par le journal Pour Lire Pas Lu.

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