CONDOLÉANCES
Sur la mort de Charlie Hebdo
:
www.minirezo.net/article407.html
+ www.presselibre.org/charlie/index.html
Charlie Hebdo est mort. Déjà rebaptisé le Non-événement
du mercredi (NEM), l’hebdomadaire, autrefois satirique,
autrefois contestataire, n’est plus. Il n’est plus que le
« cousin » de Libération. C’est l’autocrate
Philippe Val lui même qui, dans un éditorial du 10 janvier
2001, a confirmé la parenté. Il a justifié la décision des
principaux actionnaires du NEM (lui-même, « Oncle »
Bernard Maris, Cabu) de publier régulièrement des encarts
publicitaires dans le quotidien de Serge July et du fonds
de pension britannique 3i. Oh, il ne s’agira pas de pub, tout
juste d’un « accord de solidarité avec un journal cousin
dont nous nous réjouissons qu’il existe. » À force de
le fréquenter, Val s’exprime désormais avec autant d’onctuosité
fourbe que Jean-Marie Messier.
Charlie
Hebdo est mort. Une bonne majorité des salariés envisageaient
de protester contre la pub « de solidarité ». Il
a suffi que les actionnaires claquent des doigts pour les
faire rentrer dans le rang, terrorisés (1)
. Au fond, aucune importance : ceux qui aiment les
meilleurs dessins de Luz savent déjà qu’il les réserve à Capital ; ceux
qui apprécient Cabu le verront dans Le Point (depuis
le 12 janvier dernier, il agite ses grelots graphiques entre
Claude Imbert et BHL) ; le malheureux Wolinski se
déploie pour Paris Match ; et Charb, tristement,
a tenté une percée ratée de fin d’année sur Canal Plus.
Quand,
dans un hebdomadaire, le patron-dictateur se prend pour Montaigne
et pense comme BHL, quand ses employés grommellent mais se
courbent devant ses volontés, ce journal est un cadavre déjà
glacé.
(1)
Relatant une crise précédente au sein du journal
(quand une partie de la rédaction prit position contre Cohn-Bendit),
Val expliqua : « Ça, je ne l’ai pas accepté.
J’étais aux États-Unis. Quand je suis rentré, j’ai sévi. »
(L’Œil électrique, octobre 1999).
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