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Quand Mouchard ne ment pas Lorsque Laurent Mouchard-Joffrin pense à ses émissions préférées, la formation minérale emboîtée dans son crâne grésille : il dit la vérité. Mouchard adore Jean-Pierre Foucault – il s’estime capable de répondre aux questions et de gagner des millions. Mouchard adore Thierry Ardisson, qui souvent l’invite à son émission. Mouchard y sue avec application en compagnie de Philippe Tesson, son compère hebdomadaire de France Inter. « Ardisson provoque sans humilier, il interrompt sans castrer, il se moque mais il écoute, il plaît mais il instruit. Sérieux des objectifs et brio des moyens, rigueur du contenu et séduction du contenant, naïveté des principes et roublardise du talent : sans en avoir l’air… Ardisson ouvre un chemin pour l’audimat sans honte. Ça n’est donné qu’à très peu de monde » (Le Nouvel Observateur, 21.12.2000). Pourtant, permettre à Mouchard d’être reconnu par son maroquinier, c’est donné à tout le monde. Mais c’est Foucault que Mouchard préfère. Au départ, le directeur de la rédaction du Nouvel Observateur glisse en avant, prudemment, un orteil intellectuel : « Tous comptes faits, le jeu vedette de TF1, “Qui veut gagner des millions ?” n’est pas si mal. » Et puis, il se lance, avoue sa passion (26.10.2000) : « Décidément, le dernier opus [sic] de Foucault est bon. Cette idée de renouveler le genre éculé des jeux télévisés en s’appuyant, non sur l’érudition du public mais sur sa culture moyenne, de choisir au hasard les concurrents, qui sont des gens comme tout le monde et non ces encyclopédistes de village qui peuplent les concours audiovisuels, est excellente à tous points de vue… Que voit-on au fond ? Des gens soudain affranchis des contraintes de ce que Bourdieu appelle “la distinction” et qui n’est que le marquage social du savoir. Le jeu brise la hiérarchie admise, démocratise brutalement le rituel du concours. Quand les classes cultivées se récrient devant “Qui veut gagner des millions ?”, ce n’est pas une réaction culturelle – comme si la culture était menacée par un jeu ! –, c’est une réaction de classe. » Foucault invitera peut-être Mouchard comme autrefois Laurent Fabius fut invité par Pierre Bellemare. Et il est aujourd’hui ministre des Finances. Ce qui lui permet de faire gagner des millions aux lecteurs cossus du Nouvel Observateur. Gare à ceux qui s’en offusquent ! Mouchard avait averti : « La diabolisation de l’économie de marché nous ramène à de mauvais souvenirs léninistes ou staliniens » (Le Nouvel Observateur, n° 1844).
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