1.
« Convié » ?!
Jean Daniel, dont la prose turgescente effare les lecteurs
depuis près d’un demi-siècle, a acheté son
invitation. Pas cher : Le Monde des débats
gisait au fond des mers intellectuelles (une jounaliste
du Monde des Livres l’avait d’ailleurs baptisé
le Koursk). Le Nouvel Observateur a néanmoins
offert deux bouteilles d’oxygène financière : l’hebdo
dirigé par Joffrin-Mouchard et par Daniel possèdera
48,99 % des parts du Koursk, le reste étant réparti
entre plusieurs actionnaires individuels et Le Monde,
qui en possèdera 16,33 %. PLPL transmet
d’avance ses condoléances aux familles des infortunés
sous-mariniers du Koursk.
2.
Jean Daniel a d’autres amis que Julliard-le-Postillonneur
et Wieviorka-le-Très-Médiocre : BHL et Arielle
par exemple. Daniel raconte : « Arielle
Dombasle hier soir, sur la terrasse du Ryad (incroyablement
luxueux) de BHL à Marrakech, faisait observer à son
mari et à Jean-Paul Enthoven qu’il leur avait fallu
attendre le Maroc pour se rendre compte qu’il y avait
des oiseaux. » Jean Daniel poursuit : « On
a compris que j’aimais beaucoup BHL. » (Soleil
d’hiver, Grasset, 2000). Il raconte également la
remise, le 21 avril 2000, de la rosette d’officier de
Légion d’honneur à Julliard, « dans le parc
de Bourg-la-Reine ». Cette remise fut précédée
par un discours de Pierre Nora, directeur de la revue
Le Débat, mais surtout célèbre pour avoir essayé
de censurer la traduction en France d’un ouvrage de
l’historien marxiste Éric Hobsbawm. Dans son livre (involontairement)
comique, L’Année des fantômes. Journal 1997,
Jacques Julliard évoque également ses amis : « Jean
Daniel m’annonce au téléphone que je viens d’être choisi
pour le prix Mumm. Ce prix récompense chaque année trois
ou quatre journalistes. Je lui dis le plaisir qu’il
me fait, lui et les autres membres du jury. Dans mon
cas, l’idée initiale vient de Françoise Giroud, et cela
me remplit de joie… Je suis heureux de trouver dans
ce jury, aux côtés de Françoise et de Jean, des amis
comme Christine Ockrent, Claude Imbert, Serge July et
beaucoup d’autres. » (Grasset, 1998, p. 52-53)
3. D’autant
plus prestigieuse qu’elle a publié douze textes (!)
de Jacques Julliard et de Jean Daniel depuis 1981.
4. Les « débats »
préférés de Jean Daniel et de Jacques Julliard opposent
des frères siamois. Dans un entretien accordé au Figaro
Magazine (10.10.1998), Jean-François Revel confie
ainsi, apparemment tout étonné : « L’évolution
de la pensée [vers la droite] qui résulte d’une
simple observation du monde contemporain, n’est plus
spécifiquement de droite : j’ai eu, dernièrement,
entre les mains La Faute aux élites de Jacques
Julliard, homme réputé de gauche ; or, il
n’est pas dans ce livre une phrase à laquelle je ne
puisse souscrire. »
5. Le seul
risque pris par Jean Daniel, Michel Wieviorka et Jacques
Julliard pour « affronter le complexe et le
contradictoire » consiste à ne pas lire les
livres dont ils font la promotion. Par exemple, dans
une émission de France culture, « L’esprit public »,
diffusée en mai 1999, Jacques Julliard présente ses
recommandations de la semaine : « Je
vais faire quelque chose que je ne devrais pas faire : je
vais recommander un livre que je n’ai pas lu puisqu’il
m’est arrivé hier. Mais comme il fait 1 000 pages,
si j’attendais d’avoir tout lu pour le recommander,
il ne serait plus en librairie. »
6. Discrétion
et silence : Daniel et Julliard ne peuvent
s’empêcher de gloser à la télé et de fréquenter des
politiciens caqueteurs qui les flattent. Julliard raconte : «
Le soir [2 mai 1997], dîner chez François
Bayrou. En nous accueillant sur la porte de sa maison
de village, à l’ombre de l’église [sic], il nous
apprend l’agression, heureusement sans gravité, dont
vient d’être victime Philippe Douste-Blazy » (p. 150).
Plus loin, « François Bayrou m’a invité [le
18 novembre 1997], dans les locaux superbement rénovés
de Force démocrate, à parler de mon livre. Accueil chaleureux »
(p. 347-348). Puis ce sera : « Jacques
Chirac m’a invité [le 10 novembre 1997] pour
parler de mon livre qu’il a lu avec attention. Il me
dit être d’accord sur la quasi totalité de l’essai,
notamment sur les dérives populistes chez les intellectuels
comme dans la population » (p. 338). Mais,
dans un éditorial du Nouvel Observateur (15.04.1999),
Jacques Julliard précise : « Je resterai
malgré eux fidèle à Jaurès. Et aussi à Varlin, de la
Commune de Paris. » Sans oublier sa fidélité
à Claude Imbert, avec qui il « débat » (quand
il ne somnole pas) chaque semaine sur LCI, juste avant
l’émission de télé-achat d’Edwy Plenel. Le « débat »
terminé, Julliard et Imbert auraient coutume d’ingérer
un demi-jarret de porc sauce caramel à la Coupole.
7. L’idée
que le travail pourrait être bien rémunéré ne vient
même pas à l’esprit de Jean Daniel.
8. La place
qui sied à Jean Daniel, 81 ans, est celle d’un fat.
Quand il ne s’assimile pas à Camus (« Je n’ai
cessé de me projeter, de m’identifier – de
m’exprimer – à travers lui. On peut m’y retrouver
presque partout », Soleil d’hiver, p. 293),
il se compare à Montaigne et à Rembrandt : « Ce
n’est pas moi qui reprocherai à un auteur son “égocentrisme”.
Est-ce d’ailleurs une inclination si condamnable dans
le pays de Montaigne, de Rousseau, de Chateaubriand
et de Gide ? Reprocher aux mémorialistes et aux
diaristes de parler d’eux-mêmes, n’est-ce pas comme
si les visiteurs de la grande exposition des autoportraits
de Rembrandt, au printemps dernier à Londres, s’étaient
indignés de voir Rembrandt se soucier autant de ses
propres traits ? » (Le Nouvel Observateur,
26 août 1999.)
9. Dès son
premier éditorial, PLPL
a expliqué : « Certains croient que les
choses sont simples / Ils ont tort / Les choses sont
encore plus simples / Les médias mentent… »
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