17_samedi

{11:52} classique

rétrospectivement je préfère les derniers albums de Tim Buckley aux premiers, ce passage qui a lieu avec greetings from l.a., entrée dans une courte période de blue-eyed soul déglinguée et puis la mort
il n’y a rien de plus à dire

15_jeudi

{21:30} classique

{12:45} tiens juste hier je me moquais de rue89

et voilà qu’aujourd’hui je les cite
article intéressant et qui prend le bon un point de vue pas trop con mais un peu sécuritariste

en attendant que Sami nous fasse son compte-rendu à lui

14_mercredi

{16:16}

bon voilà j’ai reçu un disque bien pourri d’un chinois qui fait de la guitare tout seul avec de la reverb, je n’en aurais même pas parlé sauf que j’ai lu ceci

without sacrificing pacing for density, li has crafted an album that decimates the retrograde psychedelic guitar landscape and trivializes the petty violence of much harsh noise.

qui n’a rien à voir avec ce truc tout mou sans intérêt

si vous voulez en savoir plus sur ce type
ne vous gênez pas

13_mardi

{17:47}

comme quoi on découvre tout le temps des trucs
je viens d’acquérir un disque que j’écoute maintenant depuis des années en mp3
oui il était trop cher, vraiment trop cher
le disque s’appelle un truc du genre chansons populaires de nègres pour jeunes gens et là il était vraiment moins cher, sur le label la voix des bouseux quelque chose comme ça, oui je suis désolé en fait c’est en anglais
disque extraordinaire dans sa simplicité primitive et disque pour enfants, du grand meurtrier Leadbelly mort en 1949
je pourrais être, je suis son enfant
d’ailleurs je vois ici ou là dans quelques sites historiques que le sieur Leadbelly après avoir été trouvé et après avoir aidé John Lomax, un peu comme un éclaireur en même temps qu’un illustrateur qui chantait ce dont Lomax parlait, devient la coqueluche des petits bourgeois de gauche américains
ça n’a pas d’importance
sur les conseils d’amis je viens de lire la Lettre à Maillard de Blanqui

Vous me dites : je ne suis ni bourgeois, ni prolétaire,
je suis un démocrate. Gare les mots sans définition,
c’est l’instrument favori des intrigants. Je sais bien
ce que vous êtes, je le vois clairement par quelques
passages de votre lettre. Mais vous mettez sur votre
opinion une étiquette fausse, une étiquette empruntée
à la phraséologie des escamoteurs, ce qui ne
m’empêche pas de démêler parfaitement que vous et
moi avons les mêmes idées, les mêmes vues, forts
peu conformes à celles des intrigants. Ce sont eux
qui ont inventé ce bel aphorisme : ni prolétaire, ni
bourgeois mais démocrate ! Qu’est-ce donc qu’un
démocrate, je vous prie ? C’est là un mot vague,
banal, sans acception précise, un mot en caoutchouc.
Quelle opinion ne parviendrait pas à se loger sous
cette enseigne ? Tout le monde se prétend démocrate,
surtout les aristocrates. Ne savez-vous pas
que M. Guizot est démocrate ? Les roués se complaisent
dans ce vague qui fait leur compte ; ils ont horreur
des points sur les i. Voilà pourquoi ils proscrivent
les termes prolétaires et bourgeois. Ceux-là ont un
sens clair et net; ils disent catégoriquement les choses.
C’est ce qui déplaît. On les repousse comme provocateurs
de la guerre civile. Cette raison ne suffit-elle
pas pour vous ouvrir les yeux ? Qu’est-ce donc que
nous sommes contraints de faire depuis si longtemps,
sinon la guerre civile ? Et contre qui ? Ah ! Voilà précisément
la question qu’on s’efforce d’embrouiller
par l’obscurité des mots ; car il s’agit d’empêcher que
les deux drapeaux ennemis ne se posent carrément
en face l’un de l’autre afin d’escroquer, après le combat,
au drapeau victorieux les bénéfices de la victoire
et de permettre aux vaincus de se retrouver

vous pouvez lire la suite ici, sur mon conseil
ce qui explique pourquoi ce disque me donne des frissons et pourrait me faire pleurer
enfant que je suis de parents révolutionnaires
enfant de l’histoire de la révolution prolétarienne
et désormais seul contre tous
{avec mes quelques amis}

trêve de sentimentaleries
au beau milieu de ce disque j’entends un son que je reconnais très bien, un son que je connais viscéralement et qu’on entend en particulier dans la grande suite de ce disque de kevin ayers
enfin je n’ai pas pris la peine de le ré-écouter parce que je sais que c’est dedans

OK ?

alors je vais voir la pochette du Leadbelly et je vois la réponse
c’est le son de sa guitare à 12 cordes
voilà c’est tout

12_lundi

{11:11} le temps des colonies

je bouge vers 1 heure. Deux espagnols qui cherchaient la fête me suivent. On marche vers les basses jusqu’au Cabaret Sauvage. Devant l’entrée un mec sous md nous tombe dessus. Il tient pas debout et s’écrase contre la grille. Ses copains le ramassent. Il essaye de rigoler mais il tient pas cinq secondes, son rire se casse la gueule aussi. Deux grosses locks sortent de son bonnet. Il gémit et se prend la tête à deux mains comme si il voulait la dévisser. Ça a l’air douloureux. Je dis au revoir aux deux gars qui ont pas de tickets. L’escalier sent le vomi. A l’intérieur c’est la foire aux percings, je me calle derrière un type aux lobes dilatés, les trous font au moins cinq centimètres de diamètre, je peux voir le dj à travers, c’est 99DB. Je trace à travers une grouille de bras et de têtes en mode délirium. G. et C. sortent des backstages. G. est contente de son interview. On entre facile dans le rythme. Le son est bien dur, ça monte. Il fait hyper chaud. Au bout d’une heure dépenser 5 euros pour un demi ne nous semble plus si accablant. La barmaid met des plombes à nous servir, quand on décolle, je me rends compte que j’ai laissé ma bière sur le comptoir. Je me retourne et je vois le mec qui était derrière moi en train de boire mon verre. La veille j’ai laissé 40 euros sur un distributeur. Je lui explique que je suis pauvre, et que les downloads faciles ont altéré mes réflexes cognitifs, il me fixe avec son air de blaireau. J’essaie de pas l’insulter et je retourne danser la gorge sèche. Crystal Distortion est passé derrière les platines. G. est à donf, elle m’accueille avec des moulinets. C. hoche la tête. Les basses font leur travail. On prend du bon temps malgré les relouds qui nous soufflent dans le dos. Vers 3 heures l’ambiance atteint un seuil pénible, on est cernées par les déchirés. On se replie dans les backstages pour boire un dernier coup avec les Spi. Ils sont en train de discuter avec leurs hôtes, tranquilles, la France a toujours été une bonne terre d’accueil pour eux, ils ont encore un studio de production dans le 18e à Marcadet. E. est là aussi, elle me raconte ses aventures avec CD, « c’est lui qui avait la meilleure drogue, il est trop drôle ». C’est vrai qu’il a l’air de bonne humeur, la soirée est pleine, l’entrée est à 18 euros, il peut se marrer. Je repense au dread lock qui paye sa descente devant la grille pendant que les filles débriefent avec le cameraman. Elles veulent partir, mais E. insiste pour me présenter quelqu’un. J’imagine que c’est le CD en question mais elle revient avec un mec dans les quarante ans, les joues grasses, habillé comme un prof de compta. C’est M., elle me dit, « un homme politique important ». Le gars me colle deux bises et en profite pour me passer une main froide dans le dos. E. veut que je boive un dernier verre avec eux, elle met des morceaux de fruits dans un verre en plastic et me le donne. Il y a un bout de pain qui flotte au milieu. Je commence à fatiguer. Le mélange chemise rayée et sangria crado me pique les yeux, leur conversation est pas très claire non plus, je tiens encore dix minutes et je me casse poliment. Le lendemain E. me dit que main baladeuse est membre du parti anti-sioniste. Elle me montre un clip où il se fait tabasser par des anti-fa avec Dieudonné dans un marché du XXe. C’est la première fois qu’elle me parle de ses convictions politiques. Pas sure que ça arrange vos stats. A la place, je vous mets un morceau de Tolerance, deux Japonais sortis début 80 par Vanity Records (le label de Sympathy Nervous). On peut les télécharger.