18_dimanche

{10:56} oh les

belles personnes

et les beaux sentiments

17_samedi

{15:35} quelqu’un

toi

16_vendredi

{12:19} on a reçu ça

qui est bien

par Elise Vertige:tumblr_n5nxphxtEF1s6eipco1_500Flamme-éternelle annonce la couleur dès l’entrée : c’est de la parodie qu’il faut repartir pour que l’art dessine un désir politique à la mesure de la terreur infligée par le CAC 40 ou le Nasdaq, c’est-à-dire par la puissance du chiffre.
Violence de ces chiffres quand ils veulent faire Loi.
Tu prends l’ordinateur à ta disposition et tu écris, tu tapes, tu frappes, tu colles, tu penses, tu vas sur Facebook comme ces deux jeunes filles devant moi et dont la simple présence s’impose dans ce lieu étrange, tu envoies un mail à la femme que tu aimes, tu penses à une phrase qui te démange, à un slogan politique, à un poème, des photocopieuses sont à ta disposition, tu affiches tout ça où tu veux, rien que ta présence ici est déjà un acte politique : tu es plusieurs.
Je dis un désir (de) politique car cette flamme s’est éteinte depuis longtemps dans le couvre-feu de la contre-révolution. Tous ces enfants inconnus de la patrie reconnaissante morts pour rien dans les guerres ont été remplacés par tous ceux que la société suicide au rythme de la moissonneuse-batteuse : ici, foin d’illusions, tu respires, tu trouves ton second souffle, et tu fais à ta manière, avec tes armes, tu fais des ténèbres quelque chose de vivant, au moins temporairement.
Il y a ici quelque chose du miracle et de la grâce.
Tout est gratuit, à ta disposition, tu te débrouilles et puis la bière n’est pas chère.
Je regarde Suspiria de Dario Argento, des dizaines de DVD sont rangées sur une étagère, tu prends, tu mets le disque dans le lecteur, tu te vautres dans un canapé, derrière l’écran il y a des pneus, du polystyrène, du scotch, du carton, c’est beau tellement c’est le bordel, je me dis que j’aimerais être là, la nuit, sans soleil, parce que la pensée la nuit envahit tout pour recouvrir le silence et puis il y a Jules qui fait grève de l’école et qui découpe à la scie des blocs blancs pour obtenir je ne sais quelle forme qu’il y a dans sa tête, sa maman qui s’amuse de le voir faire, sourire aux lèvres, et Marion, ironique, observant les agents de sécurité, qui murmure « wouah, gros lieu d’échange ».
Dommage que chaque jour, tout ferme à Minuit car j’y passerais mes nuits à travailler, faire l’amour et discuter.
On ne peut pas fumer, je trouve ça con.
Mais après tout, on s’en fout, c’est gratuit, tu peux rentrer tu peux sortir et recommencer ainsi tant que tu veux. Alors je remonte les escaliers au moment où des images de femme trucidée rouge apparaissent sur l’écran fumer mon clope. Dehors il fait beau, je me sens bien, je me dis que la flamme brillera le temps de l’exposition, cette ZAT installée dans un Palais de la République jusqu’au 23 juin. ZAT (Zone d’Autonomie Temporaire), retournez ces trois lettres, et vous obtenez le nom d’une drogue, drogue qui a remplacé aujourd’hui la joie procurée par l’émeute, le délire comique qui consiste à renverser le monde, la reprise en main par ce qu’on n’ose même plus appeler le peuple de la politique quand elle redevient ce qu’au fond elle est : un « art » au service des dominés, c’est-à-dire des condamnés.
Je suis ce condamné. J’en ai ras-le-bol d’être ce con-damné. Je ne suis pas une victime. J’ai souvent le désir que tout change, d’un coup, c’est comme ça, et j’emmerde ceux qui appellent ça, même pour rire, « communisme ».
Je préfère l’anarchie. C’est dans l’anarchie qu’on crée, qu’on invente, n’en déplaise aux précepteurs culturels.
Hirschhorn n’est pas dans le regret ni dans la nostalgie, il avance, il propose sans imposer, il fabrique ses œuvres comme si des traces en direct en public de l’état de sa pensée à tel ou tel moment, et comme il sait que la philosophie ou la poésie doit être faite par tous et non par un seul, il met les outils à la disposition de chacun, du commun, pour creuser un sillon, une ouverture dans cette catastrophe hyperbolique qu’est devenu le monde.
Il y a aussi une bibliothèque remplie d’ouvrages, de polycopiés, d’œuvres de Romaric Sobac, il y a un ralentissement du temps, un espace dévoré par tout ce fatras d’objets hétéroclites, de corps, de voix qui percutent l’espace.
On s’y sent bien.
Nous sommes tous acéphales. Nous sommes tous monstrueux. Nous sommes tous des soldats inconnus se posant au fond la même question : quelle est cette époque qui nous interdit de penser la vie ?
J’ai envie moi aussi de faire comme Jules, de prendre une scie, de découper, de détruire, de reconstruire, de scotcher, j’écris des phrases dans mon carnet, je ramasse au passage le journal quotidien édité chaque jour le temps que la Zone existe, c’est en noir et blanc, c’est beau me dis-je le noir et blanc, parce que c’est simple, efficace, et qu’on peut le remplir des couleurs qu’on veut y mettre.
Sortir des égouts tels des zombies, renverser la peur qu’on éprouve, et terroriser ce ramassis d’ordures qui nous dictent nos pensées et nos salaires et épuisent nos sens – voilà un bon début, me dis-je. Ce début n’a pas encore eu lieu. Mais que sa possibilité commence dans un musée, au fond, c’est parfaitement logique et puis, peu importe, on en est plus là, on en est plus à se poser ce genre de questions idiotes. J’ai été cet idiot. Et je remercie ceux qui m’ont poussé à aller voir par moi-même puisque je ne voulais pas y croire. Merci Jules. Merci Guy. Merci Hendrik.
Flamme-éternelle existe et c’est tant mieux. C’est tant mieux parce qu’il n’y a plus rien et que ça prend toute son importance à cause de cet esprit du nihilisme dans lequel on est né, à cause de ce « Il n’y a plus rien », justement.
tumblr_n5nxnsnkbI1s6eipco1_500 Je pense bien sûr à Guy Debord, ce passeur.

Partout, il y a des slogans affichés sur des tissus, sur des polycopiés, tagués, inscrits au stylo, c’est foutraque, ça en fout plein les yeux et c’est dans le désaccord avec certains qu’on rencontre l’accord avec d’autres. Ils sont souvent incomplets parce qu’il faut en imaginer la suite (« Don’t cry, Work », voilà) mais plus que ça, ils sont incomplets car ils traduisent l’incomplétude politique d’aujourd’hui.
Ils sont comme les signes avant-coureurs d’un futur qui est déjà là.
Tout reste à faire. Ce n’est que le début. Etc. Etc. Et que l’art organise des passages vers le politique sans qu’on soit obligé d’en appeler à sa fin (la fin de l’art), sans réveiller les illusions de la table rase et du dépassement (dépassement de l’art), fabrique un nouveau paradigme pour aujourd’hui : la transgression qui vient (à l’heure où celle-ci n’est plus possible et s’achève dans l’ironie généralisée) sera politique ou ne sera pas.
Ici, le feu devient espace de parole, d’appropriation, joie discrète et déambulation, échanges et questionnement : qu’est-ce que j’ai envie de faire ici ? Quel grain de sable ai-je envie d’apporter à l’édifice en cours sachant qu’il s’écroulera d’ici un mois pour renaître autre et le même, de la même façon et différemment, ailleurs et plus tard, mais que ce nous aurons vécu ici ne s’éteindra jamais.
Que le Palais de Tokyo abrite ce moment montre qu’il remplit enfin son rôle. Plus besoin de le plastiquer. On aimerait que ça continue comme ça, que d’autres artistes créent à partir de la proposition d’Hirschhorn.
Il y a aussi cette joie décisive de constater que le concept de vernissage, après toutes ces années d’inflation et d’abrutissement, est enfin totalement contre-effectué : ce qui devient important est : qu’est-ce qui va se passer après lui, le vernissage. Il va bientôt falloir trouver autre chose que ce prétexte hédoniste qui ravage l’art contemporain de son ineptie prétexte à soulerie foireuse et négation des oeuvres.
Tout ce qui maintient l’art dans un état de muséification est ici détourné, le « ne pas toucher » est contrebalancé par le libre usage de tout, chacun participe à cette œuvre qui n’a jamais commencé et qui ne sera jamais finie, tout est vivant, en mouvement, métamorphosable, transformable à l’infini comme ces figurines pour enfants dont les formes se déclinent sous l’action des mains qui pensent.
Il n’y a pas un événement mais une multitude d’événements, événements à l’infini + 1 qui fabriquent cet espace de pensée et d’agir, ce temps singulier, hors-normes.
Alors je reviens dans la Zone, je m’installe, je regarde Suspiria, j’écris déjà ce texte dans ma tête.
Et je me dis que j’y retournerai lundi, la nuit, car c’est de joie, de création et de politique dont il est ici (enfin) question.

tumblr_n5nxqg29ld1s6eipco1_500

15_jeudi

{23:38} Do you remember When you sold your paintings in the gallery And they said ‘mais oui ce soir, ‘C’est la vie c’est le tricolor’ Reconnez Cherie Quand nous avons vive en ecstasy

et ce n’est pas moi

{15:49} grand jour

quelqu’un a mis une video
et ce n’est pas moi

moi je pensais

à toi et je regardais sur ma droite
alors
en face je voyais vivienne
et malcolm
ou plutôt c’était l’inverse
pas toi ou moi
c’est eux que je regarde
nous
ne sommes pas là

en les voyant je ne vois rien d’autre
je ne connais pas de couple comme eux
ils ont l’air heureux et c’est irréel
si on regarde bien
comme eux sur l’image
je crois que ça n’existe pas je crois que c’est de la photo c’est ça qui est beau dans la photo et dans let it rock et dans sex et dans seditionaries

ils essayent de se ressembler très fort
ils essayent d’avoir le même corps
ils sont dans l’uniforme de leur amour
sur la photo

il y a des choses qui tombent bien
c’est vrai qu’on a parlé de notre rapport à la production
un peu de ce qui aboutit à
ce jour

quelqu’un met une video
moi je mets un verre
ou deux
et je chante
remind me of you

{0:20} quelqu’un a mis une video

et ce n’est pas moi

14_mercredi

{13:37} ce qu’on fera de ce poulet

je veux dire
nous

MALCOM Y VIVIANE oui, les liens
j’ai le droit de mettre des liens

{9:15} R-3057413-1313692579

salut

13_mardi

{22:16} I’m trying to forget

your generation

je ne mets pas de video
ce n’est pas la peine
d’insister
et je ne mets pas de musique
je mets de l’imagination

je ne sais même pas si je peux mettre un nom de groupe
bon là
c’est un peu martial
et le chanteur danse
il danse bien
il danse en tous sens
comme je faisais moi
après il va déclamer des trucs de marguerite duras
martial comme quand on est une bande une bande pas vraiment organisée
une bande qui danse dans la rue
dans tous les sens
et qui fais peur aux imbéciles qui ont peur de la vie

après ça peut très facilement dégénérer et devenir presque corporate
c’est étonnant comme ça peut et tout le monde est bien peigné
dépeigné peigné dépeigné peigné
je crois que j’ai beaucoup plus envie d’écouter le premier ultravox
A willing waltzer in the car stark (?)
F*ck like a dog, bite like a shark, shark
(???) you want to

ultravox-rockwrok-island et je vais oublier

12_lundi

{22:02} encore un beau sourire

et après ça
je peux partir

après il y a la tentation de ne plus rien faire
ne rien écrire
oui je suis comme les autres
je raconte ce qui m’arrive et ce qui
ne m’arrive pas, et je mets des videos
parce que ça c’est très facile, ça prend
un peu de temps
voilà tout
une video il y en aura toujours une
une chose à écrire avec la video c’est
déjà beaucoup plus limité, enfin il y a
souvent l’écrit avant la video, tout est
vrai
tiens là j’écoute une musique
il faut savoir que je n’attache pas une si grande importance que ça a la musique

je vois que vous doutez
non sur youtube je n’écoute que des choses que je connais, youtube c’est proche, youtube c’est dedans
vous ne vous rappelez pas, moi si, quand je disais qu’on n’avait pas le droit de mettre des videos youtube dans ce blog
je m’en rappelle on était plusieurs et maintenant je suis seul
toujours est il que j’ai décidé de ne pas mettre de videos youtube
ni peut-être
ni peut-être bien de bouts de soundcloud
ni rien
j’écoute des musiques
et vous,
enfin toi je veux dire
vous ne savez pas ce que c’est
même si j’ai mis un extrait des paroles
comme titre

voilà le principe
et alors on voit
si j’ai quelque chose à dire

ça vibrille et après le type se demande ce que la fille va réver cette nuit
c’est ça la chanson, la chanson à laquelle je suis arrivé en partant de celle du titre
après ça vibrille encore
et plus loin un autre type, ou c’est le même, dit
ris bien dans la nuit

tout ça reste incompris
de tous
sauf lui
toi

donc moi j’écris ça
le politique c’était hier

{je remercie pialey pour le début, le démarrage}