demandez le moi
alors, directement
27_mardi
26_lundi
bien sûr maintenant que vous avez voté
ça vous fait un nouveau sujet
de conversation
celui-là était bien préparé depuis des mois et
c’est le même depuis des années, en attendant
il n’y a pas de politique dans votre vie, il
y a la démocratie, il y a la république, il y
a, vous savez bien ce sont les mots de manuel
valls, vous n’avez pas remarqué que le mot
gauche ne veut rien dire, ce n’est pas faute
de le répéter tout le temps, oui bien sur vous
pensez que thomas piketty est un économiste
de gauche, vous pensez que françois hollande
est de gauche, vous appelez ça penser sans
doute, vous pensez la gauche c’est comme un
mantra qui vous hypnotise et alors vous ne
pensez pas la vie, alors tout et
n’importe quoi est de gauche, il y a même
ah, les valeurs de la gauche, vu d’ici ces
valeurs ça serait le mariage, le travail,
ça serait la guerre en afrique, ça serait
la guerre au moyen orient, ça serait la
grandeur de la france, ne me faites pas rire
avec vos lumières, ça serait l’europe du capital
et donc, moi, je ne suis pas de gauche, moi je
ne vote pas, moi je me moque du résultat de leurs
élections, moi je crache sur vos journaux, je
ne lis pas vos livres, je n’écoute pas vos musiques
vous me dégoutez avec votre vie limitée par votre
veulerie, vous me dégoutez avec vos faux combats
et vos fausses cibles, votre énergie dilapidée
à résoudre de faux problèmes, votre compassion
mal placée et votre ignorance de l’histoire, vous
êtes des esclaves et vous voulez le rester vous
êtes des esclaves contents de l’être et vous avez
voté, et maintenant vous en parlez, comme on vous
l’a commandé
25_dimanche
disons trois
on compte jusqu’à trois
ensemble
pendant que j’écoute cette chanson
qui dirait une chose différente de
ce qui dit le titre
on compte jusqu’à trois
ensemble
que de cadeaux tout ça
je vous signale que le volume trois de mon émission de radio intitulée je ne suis pas là sera écoutable dès demain matin à 9h sur la radio du momi, sans laquelle je n’aurais jamais fait cette émission
qui me tiens à coeur à cause de
1
2
3
c’est toi
sans laquelle, enfin on sait tout ça
on peut aussi écouter les volumes 1 et 2 de cette émission
toujours grace à 1 et 2 et à 3
c’est un rêve
dites moi si ça va mieux
ou si ça va moins
bien
23_vendredi
22_jeudi
sans autre commentaire
car la vie
est ailleurs
je lis un article sur le dernier godard
en mangeant un muffin
avant on a parlé du renoncement
du sacrifice, la fille du kiosque me dit qu’il n’y a pas le canard
ce qui n’est pas ce que je cherchais, alors je me dis mais donc quoi
cela veut il dire que tout le monde lit le canard ? est ce que j’ai une tête à lire le canard
franchement
je me pose peut-être trop de questions
je crois que je dois mettre une video
personne ne comprend
j’arrête
le coiffeur m’a dit qu’il était inculte, tu sais
je lui explique videodrome il me dit non je ne connais pas cronenberg
après il me parle d’un futur david lynch, je lui dis tu connais david lynch et tu ne connais pas david cronenberg ?
il me dit qu’un client lui a demandé la même coiffure que david lynch
alors il a du chercher des photos
moi je lui dis très bien je veux la coiffure de jean-paul sartre
le sang coule
je le sais
21_mercredi
oui, ça
c’est un cadeau
20_mardi
parce que je
n’arrivait plus
à écouter autre chose que
le reach you on the phone
de blank realm
C’est ça, mon nom.
vous
vous savez que tout ça n’est qu’un copié-collé
le mot vous
je le sors de ma tête
je le mets là
vous
le lisez
il rentre dans votre tête
avec tous les autres vous
à un moment
toi
la personne est le mot
rentre dans la tête
et aussi dans l’autre tête
toi dans ces deux têtes
là
je me retourne je regarde sur la droite
bon
maintenant je pourrais mettre une image de shelley duvall
pas dans shining, non
pas dans popeye, bien sur
que non
pas dans trois femmes
on n’y voit pas ses oreilles
mais alors quoi
avec shelley duvall
shelley duvall dans nashville ?
non
je pourrais mettre une image de la nuit
une image dans nos têtes
tu me regardes peu
la personne est le mot
video, au milieu de la nuit ma tête s’est mise à chanter la video d’hier
la chanson de blank realm, la video que vous voyez encore juste en dessous
c’est une chanson triste qui me rappelle un moment gai
c’est une chanson qui en moi est heureuse
18_dimanche
belles personnes
et les beaux sentiments
17_samedi
toi
16_vendredi
qui est bien
par Elise Vertige:Flamme-éternelle annonce la couleur dès l’entrée : c’est de la parodie qu’il faut repartir pour que l’art dessine un désir politique à la mesure de la terreur infligée par le CAC 40 ou le Nasdaq, c’est-à-dire par la puissance du chiffre.
Violence de ces chiffres quand ils veulent faire Loi.
Tu prends l’ordinateur à ta disposition et tu écris, tu tapes, tu frappes, tu colles, tu penses, tu vas sur Facebook comme ces deux jeunes filles devant moi et dont la simple présence s’impose dans ce lieu étrange, tu envoies un mail à la femme que tu aimes, tu penses à une phrase qui te démange, à un slogan politique, à un poème, des photocopieuses sont à ta disposition, tu affiches tout ça où tu veux, rien que ta présence ici est déjà un acte politique : tu es plusieurs.
Je dis un désir (de) politique car cette flamme s’est éteinte depuis longtemps dans le couvre-feu de la contre-révolution. Tous ces enfants inconnus de la patrie reconnaissante morts pour rien dans les guerres ont été remplacés par tous ceux que la société suicide au rythme de la moissonneuse-batteuse : ici, foin d’illusions, tu respires, tu trouves ton second souffle, et tu fais à ta manière, avec tes armes, tu fais des ténèbres quelque chose de vivant, au moins temporairement.
Il y a ici quelque chose du miracle et de la grâce.
Tout est gratuit, à ta disposition, tu te débrouilles et puis la bière n’est pas chère.
Je regarde Suspiria de Dario Argento, des dizaines de DVD sont rangées sur une étagère, tu prends, tu mets le disque dans le lecteur, tu te vautres dans un canapé, derrière l’écran il y a des pneus, du polystyrène, du scotch, du carton, c’est beau tellement c’est le bordel, je me dis que j’aimerais être là, la nuit, sans soleil, parce que la pensée la nuit envahit tout pour recouvrir le silence et puis il y a Jules qui fait grève de l’école et qui découpe à la scie des blocs blancs pour obtenir je ne sais quelle forme qu’il y a dans sa tête, sa maman qui s’amuse de le voir faire, sourire aux lèvres, et Marion, ironique, observant les agents de sécurité, qui murmure « wouah, gros lieu d’échange ».
Dommage que chaque jour, tout ferme à Minuit car j’y passerais mes nuits à travailler, faire l’amour et discuter.
On ne peut pas fumer, je trouve ça con.
Mais après tout, on s’en fout, c’est gratuit, tu peux rentrer tu peux sortir et recommencer ainsi tant que tu veux. Alors je remonte les escaliers au moment où des images de femme trucidée rouge apparaissent sur l’écran fumer mon clope. Dehors il fait beau, je me sens bien, je me dis que la flamme brillera le temps de l’exposition, cette ZAT installée dans un Palais de la République jusqu’au 23 juin. ZAT (Zone d’Autonomie Temporaire), retournez ces trois lettres, et vous obtenez le nom d’une drogue, drogue qui a remplacé aujourd’hui la joie procurée par l’émeute, le délire comique qui consiste à renverser le monde, la reprise en main par ce qu’on n’ose même plus appeler le peuple de la politique quand elle redevient ce qu’au fond elle est : un « art » au service des dominés, c’est-à-dire des condamnés.
Je suis ce condamné. J’en ai ras-le-bol d’être ce con-damné. Je ne suis pas une victime. J’ai souvent le désir que tout change, d’un coup, c’est comme ça, et j’emmerde ceux qui appellent ça, même pour rire, « communisme ».
Je préfère l’anarchie. C’est dans l’anarchie qu’on crée, qu’on invente, n’en déplaise aux précepteurs culturels.
Hirschhorn n’est pas dans le regret ni dans la nostalgie, il avance, il propose sans imposer, il fabrique ses œuvres comme si des traces en direct en public de l’état de sa pensée à tel ou tel moment, et comme il sait que la philosophie ou la poésie doit être faite par tous et non par un seul, il met les outils à la disposition de chacun, du commun, pour creuser un sillon, une ouverture dans cette catastrophe hyperbolique qu’est devenu le monde.
Il y a aussi une bibliothèque remplie d’ouvrages, de polycopiés, d’œuvres de Romaric Sobac, il y a un ralentissement du temps, un espace dévoré par tout ce fatras d’objets hétéroclites, de corps, de voix qui percutent l’espace.
On s’y sent bien.
Nous sommes tous acéphales. Nous sommes tous monstrueux. Nous sommes tous des soldats inconnus se posant au fond la même question : quelle est cette époque qui nous interdit de penser la vie ?
J’ai envie moi aussi de faire comme Jules, de prendre une scie, de découper, de détruire, de reconstruire, de scotcher, j’écris des phrases dans mon carnet, je ramasse au passage le journal quotidien édité chaque jour le temps que la Zone existe, c’est en noir et blanc, c’est beau me dis-je le noir et blanc, parce que c’est simple, efficace, et qu’on peut le remplir des couleurs qu’on veut y mettre.
Sortir des égouts tels des zombies, renverser la peur qu’on éprouve, et terroriser ce ramassis d’ordures qui nous dictent nos pensées et nos salaires et épuisent nos sens – voilà un bon début, me dis-je. Ce début n’a pas encore eu lieu. Mais que sa possibilité commence dans un musée, au fond, c’est parfaitement logique et puis, peu importe, on en est plus là, on en est plus à se poser ce genre de questions idiotes. J’ai été cet idiot. Et je remercie ceux qui m’ont poussé à aller voir par moi-même puisque je ne voulais pas y croire. Merci Jules. Merci Guy. Merci Hendrik.
Flamme-éternelle existe et c’est tant mieux. C’est tant mieux parce qu’il n’y a plus rien et que ça prend toute son importance à cause de cet esprit du nihilisme dans lequel on est né, à cause de ce « Il n’y a plus rien », justement.
Je pense bien sûr à Guy Debord, ce passeur.
Partout, il y a des slogans affichés sur des tissus, sur des polycopiés, tagués, inscrits au stylo, c’est foutraque, ça en fout plein les yeux et c’est dans le désaccord avec certains qu’on rencontre l’accord avec d’autres. Ils sont souvent incomplets parce qu’il faut en imaginer la suite (« Don’t cry, Work », voilà) mais plus que ça, ils sont incomplets car ils traduisent l’incomplétude politique d’aujourd’hui.
Ils sont comme les signes avant-coureurs d’un futur qui est déjà là.
Tout reste à faire. Ce n’est que le début. Etc. Etc. Et que l’art organise des passages vers le politique sans qu’on soit obligé d’en appeler à sa fin (la fin de l’art), sans réveiller les illusions de la table rase et du dépassement (dépassement de l’art), fabrique un nouveau paradigme pour aujourd’hui : la transgression qui vient (à l’heure où celle-ci n’est plus possible et s’achève dans l’ironie généralisée) sera politique ou ne sera pas.
Ici, le feu devient espace de parole, d’appropriation, joie discrète et déambulation, échanges et questionnement : qu’est-ce que j’ai envie de faire ici ? Quel grain de sable ai-je envie d’apporter à l’édifice en cours sachant qu’il s’écroulera d’ici un mois pour renaître autre et le même, de la même façon et différemment, ailleurs et plus tard, mais que ce nous aurons vécu ici ne s’éteindra jamais.
Que le Palais de Tokyo abrite ce moment montre qu’il remplit enfin son rôle. Plus besoin de le plastiquer. On aimerait que ça continue comme ça, que d’autres artistes créent à partir de la proposition d’Hirschhorn.
Il y a aussi cette joie décisive de constater que le concept de vernissage, après toutes ces années d’inflation et d’abrutissement, est enfin totalement contre-effectué : ce qui devient important est : qu’est-ce qui va se passer après lui, le vernissage. Il va bientôt falloir trouver autre chose que ce prétexte hédoniste qui ravage l’art contemporain de son ineptie prétexte à soulerie foireuse et négation des oeuvres.
Tout ce qui maintient l’art dans un état de muséification est ici détourné, le « ne pas toucher » est contrebalancé par le libre usage de tout, chacun participe à cette œuvre qui n’a jamais commencé et qui ne sera jamais finie, tout est vivant, en mouvement, métamorphosable, transformable à l’infini comme ces figurines pour enfants dont les formes se déclinent sous l’action des mains qui pensent.
Il n’y a pas un événement mais une multitude d’événements, événements à l’infini + 1 qui fabriquent cet espace de pensée et d’agir, ce temps singulier, hors-normes.
Alors je reviens dans la Zone, je m’installe, je regarde Suspiria, j’écris déjà ce texte dans ma tête.
Et je me dis que j’y retournerai lundi, la nuit, car c’est de joie, de création et de politique dont il est ici (enfin) question.
15_jeudi
et ce n’est pas moi
quelqu’un a mis une video
et ce n’est pas moi
moi je pensais
à toi et je regardais sur ma droite
alors
en face je voyais vivienne
et malcolm
ou plutôt c’était l’inverse
pas toi ou moi
c’est eux que je regarde
nous
ne sommes pas là
en les voyant je ne vois rien d’autre
je ne connais pas de couple comme eux
ils ont l’air heureux et c’est irréel
si on regarde bien
comme eux sur l’image
je crois que ça n’existe pas je crois que c’est de la photo c’est ça qui est beau dans la photo et dans let it rock et dans sex et dans seditionaries
ils essayent de se ressembler très fort
ils essayent d’avoir le même corps
ils sont dans l’uniforme de leur amour
sur la photo
il y a des choses qui tombent bien
c’est vrai qu’on a parlé de notre rapport à la production
un peu de ce qui aboutit à
ce jour
quelqu’un met une video
moi je mets un verre
ou deux
et je chante
remind me of you
et ce n’est pas moi
14_mercredi
je veux dire
nous
oui, les liens
j’ai le droit de mettre des liens
salut
13_mardi
your generation
je ne mets pas de video
ce n’est pas la peine
d’insister
et je ne mets pas de musique
je mets de l’imagination
je ne sais même pas si je peux mettre un nom de groupe
bon là
c’est un peu martial
et le chanteur danse
il danse bien
il danse en tous sens
comme je faisais moi
après il va déclamer des trucs de marguerite duras
martial comme quand on est une bande une bande pas vraiment organisée
une bande qui danse dans la rue
dans tous les sens
et qui fais peur aux imbéciles qui ont peur de la vie
après ça peut très facilement dégénérer et devenir presque corporate
c’est étonnant comme ça peut et tout le monde est bien peigné
dépeigné peigné dépeigné peigné
je crois que j’ai beaucoup plus envie d’écouter le premier ultravox
A willing waltzer in the car stark (?)
F*ck like a dog, bite like a shark, shark
(???) you want to
et je vais oublier
12_lundi
et après ça
je peux partir
après il y a la tentation de ne plus rien faire
ne rien écrire
oui je suis comme les autres
je raconte ce qui m’arrive et ce qui
ne m’arrive pas, et je mets des videos
parce que ça c’est très facile, ça prend
un peu de temps
voilà tout
une video il y en aura toujours une
une chose à écrire avec la video c’est
déjà beaucoup plus limité, enfin il y a
souvent l’écrit avant la video, tout est
vrai
tiens là j’écoute une musique
il faut savoir que je n’attache pas une si grande importance que ça a la musique
je vois que vous doutez
non sur youtube je n’écoute que des choses que je connais, youtube c’est proche, youtube c’est dedans
vous ne vous rappelez pas, moi si, quand je disais qu’on n’avait pas le droit de mettre des videos youtube dans ce blog
je m’en rappelle on était plusieurs et maintenant je suis seul
toujours est il que j’ai décidé de ne pas mettre de videos youtube
ni peut-être
ni peut-être bien de bouts de soundcloud
ni rien
j’écoute des musiques
et vous,
enfin toi je veux dire
vous ne savez pas ce que c’est
même si j’ai mis un extrait des paroles
comme titre
voilà le principe
et alors on voit
si j’ai quelque chose à dire
ça vibrille et après le type se demande ce que la fille va réver cette nuit
c’est ça la chanson, la chanson à laquelle je suis arrivé en partant de celle du titre
après ça vibrille encore
et plus loin un autre type, ou c’est le même, dit
ris bien dans la nuit
tout ça reste incompris
de tous
sauf lui
toi
donc moi j’écris ça
le politique c’était hier
{je remercie pialey pour le début, le démarrage}
11_dimanche
il m’a demandé si ce serait comme ça
lorsqu’on serait des révolutionnaires
et j’ai dit oui
il m’a dit c’est le chaos c’est le paradis
et j’ai dit oui
il m’a dit c’est sans loi
et j’ai dit oui
on a fait abstraction du reste